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Les textes et illustrations contenues sur ce site sont protégés par les lois sur le droit d'auteur (sauf indication contraire). Pour citer cet article : Jean-Luc caradeau, www.caradeau.fr, 2016 - Paul II : Un pontificat entre fêtes et guerres contre les hérétiques. -Défenseur de la chrétienté amoureux des fastes et prétendument des arts et des lettres, Paul II eut un « cuisinier secret ». Article publié sous le pseudonyme d’Yves Leclerc dans le n°6 de Histoire des papes et des saints – octobre - novembre - décembre 2009.
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Paul II : Un pontificat entre fêtes et guerres contre les hérétiques.


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Défenseur de la chrétienté amoureux des fastes et prétendument des arts et des lettres, Paul II eut un « cuisinier secret ».

Paul II (1464-1471) poursuit ce qu’a entrepris son prédécesseur Pie II, en particulier la croisade contre les Turcs, l’exploitation des stratégiques mines d’alun, les négociations pour abolir la Pragmatique Sanction. Il allie le faste des arts à la force des armes pour affirmer la puissance spirituelle et temporelle de la papauté.
Le neveu d’Eugène IV Paul II, « Notre-Dame de Pitié », comme l’avait surnommé Pie II à cause de sa tendance à recourir aux larmes lors des négociations délicates, doit certainement sa réussite dans la carrière ecclésiastique à son oncle Eugène IV. Pietro Barbo, issu d’une riche famille de marchands vénitiens, est successivement archidiacre de Bologne, évêque de Cervia puis de Vicence, protonotaire de l'Église romaine et, en 1440, à vingt-trois ans, cardinal diacre1. À la Renaissance, un oncle pape aide à gravir rapidement la hiérarchie… Cela d’ailleurs ne retire rien à ses capacités à gérer l’Église.

Rome devient une ville de fêtes

Pie II s’était démené, en vain, pour organiser une croisade contre les Turcs. Il s’était vu imposer par les cardinaux, avant son élection, un protocole qu’il avait révoqué peu après… Être pape à cette époque n’est pas une sinécure : on est contesté par des hérétiques, par les souverains, et même par les cardinaux, qui veulent contrôler le Saint-Siège. Pour être élu, Paul II doit lui aussi accepter un protocole en dix-huit points. Le texte ne nous est pas parvenu, mais tout laisse à penser qu’il est identique à celui présenté à Pie II.
Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, Paul II révoque ce protocole pour la raison « que les cardinaux n'avaient pas le droit de mettre des bornes à l'autorité pontificale »*.
Mais contrairement à son prédécesseur, comme il ne s’est pas contenté d’ignorer ce qu’il avait signé, cela provoque chez les cardinaux quelque amertume. Aussi, pour les apaiser, il leur accorde le droit de « porter des mitres de soie et des bonnets rouges ». Ce luxe était jusque-là réservé au pape. C’est donc à lui qu’ils doivent leurs actuelles soutanes pourpre. La mesure se révèle efficace, puisque nul ne fait état d’une révolte des cardinaux. Futile !
Mais la Renaissance est une époque où se mêlent intimement soif de connaissance et goût des futilités. Or, le pape comme les cardinaux qui l’ont élu, sont des hommes de leur temps. Ces derniers devaient être d’autant plus déçus qu’ils avaient élu au premier tour de scrutin ce pontife « beau, vaniteux » comme l’écrit J.N.D. Kelly**.
Son installation au palais du Latran le 16 septembre 1464 est l’occasion d’une cérémonie grandiose2.
Paul II est un amoureux des carnavals et des fêtes. Il en organise de nombreuses et oblige les juifs de Rome à les financer. Son décret qui instaure une année jubilaire tous les 25 ans reflète bien ce goût de la fête. Cela prouve qu’on peut allier le sens du faste et le réalisme économique, car l’Année sainte attire à Rome de nombreux pèlerins, source d’importants revenus.
D’ailleurs cela ne l’empêche nullement de s’occuper des affaires de l’Église, même si ses efforts – comme ceux de tous les papes de son époque – ne sont pas toujours couronnés de succès.

L'Année sainte à Rome
Elle avait été institué par Boniface VIII (1294-1303), célébré la première fois en 1300, et ensuite pendant la dernière année de chaque siècle. Clément VI (1342-1352) réduisit ce terme à cinquante ans, et Urbain VI (1378-1379) à trente-trois. Paul II, considérait que la vie des hommes devenait toujours plus courte, qu'elle était souvent traversée par des maladies contagieuses, par des guerres et d'autres fléaux de la colère de Dieu provoquée par les péchés des chrétiens. Ce qui laissait à peu de personnes la possibilité de recevoir les grâces de l’Année sainte. Il en fixa donc la fréquence chaque vingt-cinquième année, à commencer par 1475 (D’après l’abbé Rohrbacher*, Bullarium Pauli II)


Le pape du luxe, des arts et de la gastronomie

Alors qu’il n’était encore que cardinal, en 1455, Pietro Barbo avait entrepris la construction du palais Saint-Marc (aujourd’hui palais de Venise). En 1466, ce magnifique édifice étant achevé, il en fait sa résidence principale. Bien qu’amoureux des arts, il abolit en 1466 le Collège des abréviateurs (dessinateurs pontificaux) puis en 1468 l'Académie romaine qu’il soupçonne d’avoir des rites et des idées païennes.
Il interdit aux enfants de Rome l'étude des poètes païens Comme le chroniqueur Bartolomeo Platina (1421-1481) proteste, il le fait emprisonner à plusieurs reprises et torturer. Cet auteur, qui avait perdu son emploi d’abréviateur, écrira un livre très critique, Historia de vitis pontificum romanorum (communément appelé Vie des papes) ainsi que De honesta voluptate et valetudine (Des voluptés et de l’état de santé de la gloire), dans lequel il révèle que Paul II avait engagé un « cuisinier secret », l’un des plus brillants de sa génération nommé Maestro Martino (de Rossi)3. Ce grand chef est l’auteur du Libro de arte coquinaria (Livre d'art culinaire) et c’est à lui que le pape confie la préparation de la collation du carnaval de 1466, une fête somptueuse et un véritable coup politique par lequel il veut marquer son pouvoir et s'attirer les bonnes grâces du peuple romain. L’appellation de « cuisinier secret » est confirmée par un compte du cubiculaire (du latin cubicularius, valet de chambre) de 1469. L’assertion de Bartolomeo Platina, qui fait de Paul II un grand mangeur et un grand buveur de bons vins, n’est peut-être pas sans fondements. Bien que l’identité entre le Martin auteur du Libro de arte coquinaria et celle du Martin de la cuisine papale soit contestée par ceux qui veulent voir en Paul II un modèle de sobriété, elle est fort probable. En effet, à cette époque se manifeste dans les milieux princiers un véritable engouement pour l’art culinaire.

Une imprimerie est installée à Rome.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul art qui passionne Paul II. Selon J.N.D. Kelly**, il s'entoure de savants, restaure les monuments antiques, collectionne avidement les objets d'art ; et il aurait fait installer la première imprimerie à Rome. C’est ce qu’affirment tous les auteurs spécialisés. Mais nous n’en avons retrouvé aucune preuve. Sweynheym et Pannartz, deux Allemands, installent une imprimerie à Rome vers 1465, dans la maison de Pierre de Maximis. Ils réalisent en peu d'années un certain nombre d’ouvrages d'une grande valeur tant par l'exécution typographique que par le petit nombre d'exemplaires tirés. Ces artistes impriment immédiatement deux livres : La Cité de Dieu, de saint Augustin, et les oeuvres de Lactance, l'un et l'autre in-folio, tirés à 825 exemplaires. Leur Bible latine (1471) est également bien connue des bibliophiles4. Cependant, ces deux imprimeurs, qui se sont installés à Rome, sinon à la demande de Paul II, du moins avec son autorisation, sont malheureux en affaires. Leurs livres se vendent mal, à tel point qu’ils adresseront une supplique à Sixte IV (1471-1484) qui figure dans le dernier ouvrage qu’ils éditeront (les œuvres de Nicolas de Lyra - 20 mars 1472). Elle fut rédigée en latin par l’un de leurs correcteurs, Jean André, évêque d’Aleria, et commence par ces mots : « Ton incroyable mansuétude nous a secouru », sous-entendant que le pape leur a permis de faire face à certaines difficultés et que cette imprimerie semble bien être une entreprise extérieure au Saint-Siège. Plus précisément, dans L’esprit des journaux paru en 17845, un auteur, qui a eu entre les mains leurs livres, mentionne qu’ils ont dédié à Paul II un texte de saint Jérôme : « Dans l’épître dédicatoire, l’on congratule le pape de ce que, de son temps, l’art de l’imprimerie avoit été importé à Rome ». C’est explicite : c’est du temps de Paul II, et non de l’initiative de Paul II, que l’imprimerie a été importée à Rome.
Par ailleurs, le pape fonde deux académies, celle de Vienne en Autriche et celle de Saint-André en Ecosse. Il est donc vraiment étonnant que cet amoureux des arts et des lettres ait persécuté les humanistes romains en supprimant le collège des abréviateurs et l’académie romaine. Anna Esposito****, écrit que l’historiographie la plus récente explique son attitude par « le soupçon d’une collusion entre les humanistes et Mahomet II », mais elle n’en indique pas les raisons.


En affaires avec Pierre de Médicis

C’est Paul II qui négocie avec Pierre de Médicis (1416-1469) la création de la Societas Aluminium, qui voit le jour en avril 1466. La puissante banque vénitienne est en effet plus apte et mieux équipée que le Saint-Siège pour commercialiser les mille cinq cent tonnes d’alun produites par les mines de Tolfa6 dont les revenus sont censés financer la croisade contre les Turcs. Paul II, pour protéger ce monopole, envoie en Angleterre un évêque (nous ne savons pas son nom) chargé de dissuader le roi d’Angleterre de permettre l’importation d’alun turc, car les prix élevés imposés par le monopole papal sont mal acceptés dans ce pays. L’ambassade échoue. L’exploitation des mines d’alun et le financement de la croisade sont une grande préoccupation sous le pontificat de Paul II. D’ailleurs, entre le 10 mai 1466 et le 14 mai 1467, la chambre apostolique doit emprunter 58424 florins7 pour armer des troupes, car les revenus provenant de l’alun sont insuffisants pour couvrir les frais.***


La croisade contre les Turcs

Sans atteindre l’ampleur souhaitée par Pie II, la croisade contre les Turcs est néanmoins très coûteuse. Les Vénitiens sont en guerre avec le sultan depuis 1463. La Hongrie et l’héroïque chef albanais Skanderbeg, font face aux Turcs avec le plus grand courage. Paul II les soutient au mieux de ses possibilités. Il s’oblige à leur fournir tous les ans cent mille écus d’or chacun. Aux Vénitiens, il accorde la décime sur les revenus de l’Église pour financer leurs opérations et envoie vingt galères pour renforcer leur flotte. Son action, bien entendu, ne se limite pas aux questions financières. Il convient avec l'empereur Frédéric III d’écrire l'un et l'autre à tous les princes chrétiens, pour les presser d'envoyer leurs ambassadeurs à Rome, afin d'y traiter des moyens d’arrêter les conquêtes turques. Il envoie le cardinal Picolomini participer à une diète de l’empire consacrée à cette guerre. Cette assemblée donnera de grands espoirs au pape : on y décidera qu’on se cotiserait en Allemagne de manière à être en état de lever une armée de deux cent mille hommes, et de l'entretenir pendant plusieurs années. La décision sera prise, mais jamais appliquée…
Il reçoit aussi après le massacre de huit mille habitants de Chidna (Chaonie, Albanie méridionale) en 1465, la visite de Skanderbeg, l’accueille avec tous les honneurs dus à un champion du Christ8 et lui accorde une importante aide financière (in Histoire des républiques italiennes du Moyen Âge de Jean-Charles Léonard Simonde de Sismondi, Treuttel et Würtz, Paris, 1815).

Skanderbeg, le champion du Christ
Skanderbeg : Gjergj (Georges en français) Kastrioti (1405-1468) est le fils d’un seigneur albanais payant tribut à l’empire ottoman. En 1423, il subit avec ses trois frères le sort habituellement réservé aux fils de vassaux du sultan : il est emmené comme otage par les Turcs, qui s’assurent par ce procédé la loyauté de leurs vassaux. Il suit l'école militaire de l'empire ottoman, et devient un excellent officier. Il remporte pour le compte de l’empire plusieurs victoires en Europe, ce qui lui vaut le titre de Iskander Bey, (en turc prince Alexandre, référence à Alexandre le Grand). En albanais Skënderbeu. Il reçoit aussi le titre de Vali (Gouverneur) de plusieurs provinces de l’Albanie centrale. Son père meurt. Ses frères sont empoisonnés (probablement sur l’ordre du Sultan Murad II, 1421-1451). En 1443, alors qu’il affronte l’armée hongroise commandée par Jean Hunyadi (lire l’article sur Eugène IV dans le n° 4), il change de camp accompagné d’un groupe d’Albanais servant dans l’armée impériale, se convertit au christianisme et finit par prendre Krujë, l’ancien fief de son père. Il rallie à la cause de l’indépendance et du christianisme les princes albanais de la ville de Lezhë (1444). Il entreprend alors une guérilla contre l’armée turque, à laquelle il tient tête pendant 25 ans avec seulement 20 000 hommes environ. Il décède de mort naturelle le 17 janvier 1468 à Lissa (Croatie). La ville appartenait aux Vénitiens et il négociait avec eux l’organisation d’une ligue destinée à lutter contre les Ottomans, quand il fut atteint d’une maladie aigue qui l’emporta rapidement. Son armée contiendra encore l’avance turque pendant 12 ans. Son ingéniosité militaire est célèbre. On raconte que, surpris en pleine nuit par une patrouille de l’armée turque, il colle des bougies sur les cornes d’un troupeau de chèvres. Voyant une multitude de torches, le détachement turc se croit en présence de forces supérieures et bat en retraite. Sa force est légendaire (il aurait décapité un taureau ou un sanglier d’un seul coup de sabre). Durant une brève période de trêve avec Mahomet II, ce dernier lui demande de lui faire cadeau de son cimeterre. Le sultan fait tester l’arme par les plus robustes de ses combattants et constate que la trempe de l’arme n’est pas exceptionnelle. Il la renvoie donc à son propriétaire avec ce message : « J’en ai beaucoup d'aussi bons et de meilleurs que celui-là ». Skanderbeg répond : « Dites à votre maître qu’en lui envoyant le cimeterre je ne lui ai pas envoyé le bras ». Ses reliques deviennent des talismans pour les combattants turcs
Lissa est prise par les Turcs quelques années après sa mort. Ils l’exhument et lui rendent les honneurs militaires, puis, s’emparant de ses ossements, s’en disputent le moindre morceau. Ils font enchâsser ces reliques dans de l’or ou de l’argent, persuadés qu’elles leur apporteront la valeur militaire du défunt. Le miracle ne s’est jamais produit. Même après sa mort Skanderbeg, héros national de l’Albanie, reste le champion du Christ (8).


Le défenseur de l’Europe chrétienne est hérétique !

Paul II s’occupe aussi énergiquement des ennemis de l’intérieur. L’un des souverains qui est le mieux en mesure de s’opposer à l’avance des armées ottomanes est le roi de Bohème Georges de Podebrady (1458-1471), mais Pie II avait fait instruire contre lui un procès pour hérésie (alors que, hussite, il avait été élu avec l’aide des voix catholiques). Le procès fut suspendu à la demande de l’empereur Frédéric III (1452 - 1493). Paul II le reprend car les catholiques de Bohème se plaignent de vexations continuelles et voudraient que le pape les délie de leur serment de fidélité au souverain. Georges de Hongrie est convaincu (au sens juridique du terme) de parjure, de sacrilège et d'hérésie. Cependant Paul II hésite à prononcer le jugement, car l’affaire est délicate. Jean de Carvajal, cardinal du titre de Saint-Ange, met fin à ses hésitations et à celles du Sacré Collège, en déclarant au cours d’un consistoire : « Qu'il ne faut pas toujours juger des événements sur les sentiments des hommes, mais que, dans les grandes affaires, on doit espérer que, si les secours humains manquent, il en viendra d'en haut pour renverser les desseins des impies. Qu'ainsi, il n'y a qu'à remplir son devoir et rendre la justice, laissant faire le reste à la Providence. »* Paul II prononce le jugement le jour de Noël 1466, dans la basilique de Saint-Pierre, en condamnant Georges de Podebrady comme coupable d'hérésie, et le déclarant privé du royaume de Bohème, qu'il « avait mal acquis et plus mal administré »9. Le pape tente de faire exécuter ce jugement par les catholiques de Bohème et les princes allemands, mais comme ces derniers sont divisés et ne s’entendent pas avec l’empereur, Georges de Podebrady règnera jusqu’à sa mort en 1471.

Les hussites, précurseurs des protestants
Jan Huss ou Hus († 1415), théologien, doyen de l’université de Prague, découvre avec enthousiasme les œuvres de l’Anglais John Wyclif (1320-1384). En 1407, l'archevêque de Prague est chargé par Grégoire XII (1406-1415) d'interdire la diffusion des thèses hérétiques de Wyclif. Le pape condamne ses écrits et sa doctrine est interdite de prêche par la bulle du 20 décembre 1409.
En 1411, l’antipape Jean XXIII prêche une croisade contre Ladislas Ier, roi de Naples (1386-1414), roi de Hongrie (1403). Pour financer la croisade, il envoie des prédicateurs vendre des indulgences dans toute l’Europe. Hus s'indigne de ce « trafic » (comme plus tard Luther, lire l’article sur la Réforme ) et, l’année suivante, il écrit une « adresse », Quaestio magistri Johannis Hus de indulgentiis (Questions du maître Jan Hus à propos des indulgences), pratiquement calqué sur le dernier chapitre du livre interdit de Wyclif De Ecclesia, affirmant que le clergé ne peut en aucun cas prendre les armes au nom du Christ, et que le salut passe par l’humilité et non par les armes et l’argent. La bulle papale est affichée et brûlée, au cours d’une émeute à Prague qui est durement réprimée. Le mouvement hussite est né, il est proche de celui des fraticelles et, également, préfigure la Réforme. Jan Hus sera excommunié par Grégoire XII, le 21 février 1411.
L'antipape Jean XXIII convoque le concile de Constance. Ladislas, roi de Bohème, s’arrange pour que Jan Hus y participe. Ce dernier est accusé d’hérésie, condamné et brûlé, le 6 juillet 1415.
La foi des hussites les plus modérés pourrait se résumer en quatre points.
  • La parole de Dieu doit être prêchée librement par les prêtres.
  • La communion doit être administrée sous les deux espèces
  • Le clergé ne peut rien posséder.
  • Tous les péchés mortels commis avec publicité doivent être sévèrement réprimés et méritent la mort. Outre le meurtre et le vol, ils énumèrent : le mensonge, le parjure, la pratique des arts magiques, l’usure pour les laïcs, le concubinage, la simonie, la vente d’indulgences ou de tout autre acte religieux par le clergé. Tout fidèle qui a connaissance de ces péchés est tenu de les réprimer.
Il semble que la faction extrémiste de ce mouvement, les taborites, se soit livrée à des massacres et des destructions d’églises et de monastères. (D’après Lebas : Allemagne, Firmin Didot Frères, Paris, 1838, page 61 Lire sur le site de la B. N. F. )


L’abolition de la Pragmatique Sanction

Paul II reprend aussi l’offensive contre la Pragmatique Sanction de Bourges (lire l’article sur Pie II dans le n°5) par l’intermédiaire du cardinal d'Arras, que Pie II avait chargé en vain d’obtenir l’abolition de ce texte. Louis XI n’y étant pas hostile, il profite des vacances du parlement de Paris pour faire publier l’édit au Châtelet, mais le procureur général du parlement refuse de l’enregistrer, comme son prédécesseur, et l’université de Paris adopte la même attitude… Échec pour le pape, comme pour le roi de France !
Dans cette affaire, le cardinal d’Arras s’était fait assister du cardinal Jean Balue (alors secrétaire d’État), ce qui contribua peut-être à la disgrâce et à l’emprisonnement de ce dernier. À la demande de Louis XI, Paul II envoie en France cinq commissaires chargés d’instruire le procès du cardinal qui sera plaidé à Rome. Le jugement sera rendu par un consistoire en présence du pape10. Il aurait dû être envoyé en France pour exécution. Comme aucun chroniqueur ni aucun historien contemporain des faits ne mentionne la suite de cette affaire, on peut supposer qu’elle n’en eût pas… Sauf pour Jean Balue, qui restera onze ans emprisonné au château de Loches où il eût - paraît-il - l’honneur d’être le premier à expérimenter les cages qu’il avait inventé (les labalues) sans, en apparence, avoir été jugé.
Parmi toutes ces activités diplomatiques, la visite de l’empereur Frédéric III (1468), venu en pèlerinage au tombeau des apôtres Pierre et Paul, est l’occasion rêvée pour le pape de montrer son sens du faste et de la fête. Selon l’abbé Rohrbacher*, « Paul II fournitmagnifiquement à sa dépense et à celle de plus de trois cents cavaliers qui étaient à sa suite; […] tant à Rome que dans les provinces de l'État ecclésiastique ».

La réunification avec l’Église russe

Véritablement déterminé à développer l’influence de la papauté, Paul II entame des négociations avec Ivan III (Ivan le Grand) en vue de réunifier l’Église russe avec Rome mais, le 26 juillet 1471, il meurt d’une attaque avant d’atteindre son but. Son successeur reprendra les pourparlers.











(1) Titulaire de Santa Maria Nova. Puis, sous Nicolas V en 1451, de San Marco (Venise).
(2) Sa tiare seule coûta 100 000 ducats d’or***. Le ducat pèse 3,60 g titré à 971‰ (349,56 kilos d’or).
(3) « Comptes de menues dépenses (1464.XII.05) : Compté à Maître Martin de la cuisine commune le prix pour la serrure avec la clé à l’armoire de la cuisine et pour la clé à la porte de la cuisine qui ont été cassées et pour deux candélabres de fer pour la dite cuisine. » Archives du Vatican, citées par Bruno Laurioux : Le prince des cuisiniers et le cuisinier des princes : nouveaux documents sur Maestro Martino, revue Médiévales - Lire sur revues.org .
(4) D’après J.B. Gergerès, Histoire et description de la bibliothèque publique de la ville de Bordeaux, Derache Paris, Coderc, Decréteau et Poujol, Bordeaux, 1864) p 70 - Lire sur Google Books .
(5) L’esprit des journaux français et étrangers par une société de gens de lettres, septembre 1784, tome IX, 13e année, veuve Valade, imprimeur libraire, Rue des Noyers vis-àvis Saint Yves Paris. (Cette publication se consacrait à la critique de livres et à la bibliophilie). L’article est un extrait de livre intitulé : L’origine et le progrès de l’écriture tant hiéroglyphique qu’élémentaire de Thomas d’Astie. Page 133 : Lire sur Google Books
(6) Lire l’article surPie II
(7) Le florin pèse 3,496 g d’or titré à 986‰, cette somme représente 201, 39 kilos d’or. À comparer avec le prix de la tiare.
(8) Athleta Christi, champion du Christ, titre décerné à Skanderbeg par Nicolas V, Pie II et Paul II, porté originellement par saint Sébastien martyr.
(9) D’après les annales ecclésiastiques de Raynald, an 1466, n. 29, cité par l’abbé Rhorbacher*.
(10) Selon le droit médiéval, un cardinal ne peut être jugé que par le Saint-Siège.



Bibliographie
* Abbé Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Paris 1857 - p 565 Lire sur le site de la B. N. F.
** J. N. D. Kelly, Dictionnaire des papes, Brepols, 1994.l'acheter sur Amazon
*** Philippe Simonnot, Les papes, l’Église et l’argent, Bayard, 2005. L'acheter sur Amazon

**** Philippe levillain, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard 2003. L'acheter sur Amazon









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