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Qui était le vrai saint Tropez ?


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Le 16, 17 et 18 mai, Saint Tropez fête son patron et la nomination d’un « capitaine de ville »


Saint Tropez est mondialement associé à un village à la réputation sulfureuse. Mais le noble romain qui lui a donné son nom était [d’après l’hagiographie] un modèle de foi qui subit le martyre pour la défendre.
Les vacanciers n’imaginent pas que sur la plage où ils bronzent s’est échouée vers l’an 68 une barque vermoulue contenant le corps décapité d’un certain Torpès (Tropez) ou Torpetius, un noble romain, officier de la garde de Néron(1). Et que les Bravades, la fête patronale(2), commémorent cet événement tous les 17 mai.

Un proche de Néron

L’empereur a fait élever à Pise une statue de Diane. Il assiste en personne à la dédicace de la déesse, et ordonne à son entourage de l’adorer. Tropez refuse et entreprend de démontrer au tyran la stupidité du culte des idoles. Connaissant le sort que César réserve à ceux qui lui déplaisent, il se prépare au sacrifice suprême et va demander le baptême à un prêtre nommé Antoine, car il n’est que catéchumène (3). Ensuite, il revient à Pise et Néron le somme d’obéir. Comme il refuse encore, l’empereur le confie à Satellius(4) qu’il charge de le faire mourir.

Une résistance « miraculeuse »

Le futur saint montre une résistance peu commune. On le flagelle, attaché à une colonne. Celle-ci s’écroule et tue cinquante de ses bourreaux (5). Il subit ensuite le supplice de la roue puis est livré aux bêtes, mais le lion meurt à ses pieds et le léopard vient se frotter contre son corps comme un gros chat. Devant ces miracles, Evellius, conseiller de l’empereur, se convertit. Satellius, furieux, le fait conduire hors de la ville, au bord de l’Arno, en ordonnant qu'il soit décapité.

Le voyage posthume

Le corps de Tropez est jeté dans une vieille barque abandonnée, en compagnie d'un coq et d'un chien(6) pour qu’ils s’en nourrissent, et on la pousse dans le courant. Elle va s’échouer dans un golfe de Provence. Des chrétiens trouvent (7) la barque et, une fois le temps des persécutions passé, élèvent une église à l’endroit où elle s’est échouée.
Autour de ce lieu se bâtit bientôt un village qui prend le nom de Saint-Tropez. Voilà comment à la veillée se raconte, en Provence, la légende du plus célèbre village de France et de ses voisins Cogolin (petit coq) et Grimaud (chien en vieux français)...

Un saint sans reliques, mais patron des pêcheurs de Provence et des mousquetaires de la ville qui porte son nom

Le conteur ajoute en général que, dès 1056, les religieux de Saint Victor de Marseille possèdent l’église et élèvent auprès d’elle un prieuré qui porte lui aussi le nom du saint. C’est pourquoi les marins provençaux, pour solliciter sa protection, s’agenouillent devant l’image du saint représenté debout dans une barque conduite par un ange ou entre un lion et un léopard. En revanche, ce que les conteurs n’ajoutent jamais, c’est qu’au XVIle, de laborieuses recherches furent menées à deux reprises dans le but de retrouver les reliques du saint, sans résultat. Il fut conclu qu’elles étaient perdues à jamais, si elles avaient vraiment existé(8).
L’Église catholique fête aujourd’hui saint Tropez le 29 avril (date de sa mort) . Elle le fêtait au XIXe siècle le 17 mai, comme les Tropéziens. Les Bravades, la fête patronale commémorent également la nomination d’un capitaine de ville (le 24 juin 1554) qui avec son corps de mousquetaires était chargé de défendre la ville contre les incursions des corsaires ottomans (venus des ports d’Afrique du Nord notamment d’Alger, lire l'article sur esclaves chrétiens en terre d'Islam). C’est pourquoi la messe du 17 mai à Saint Tropez s’appelle la messes des mousquetaires, ces derniers étant les principaux acteurs des bravades qui se déroulent le 16, 17 et 18 mai.








(1) Autre version : intendant de son palais.
(2) D’autres conteurs rapportent qu’il avait gardé Paul dans sa prison et que ce dernier l’avait converti. Paul, dans l’Épître aux Philippiens parlerait de lui en ces termes : (4:22) Tous les saints vous saluent, et principalement ceux de la maison de César.
(3) Ou Sabellius, appelé parfois Sylvain. Certaines versions précisent que Tropez a giflé ce magistrat.
(4) Certains hagiographes, plus réalistes, racontent qu’elle ne tua que le bourreau
(5) Détails propres à la version provençale.
(6) Version locale : Célèrine (avertie miraculeusement) alla au petit matin recueillir le corps du martyr.
(7) Sa tête serait à Pise dans une chapelle qui lui est consacrée. L'Église le mnomme d'ailleurs saint Tropez ou Torpes de Pise.





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