La magie, la théurgie, qu'est ce que c'est ?
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« Si l'imam te tue, c'est un acte saint car il tient son pouvoir de Dieu.
Si la setout (sorcière) te guérit, c'est un crime car elle tient son pouvoir de Satan. »
Ptoverbe arabe
Les mots et leur sens
Pour les anciens, la magie était la science suprême. Cependant le mot qui désignait à l'origine la théurgie des mages fut très vite galvaudé : de basses pratiques de sorcellerie (au sens le plus péjoratif du terme) ayant usurpé le label comme nous dirions aujourd'hui. L'image de marque du mot magie était déjà si mauvaise dans la Grèce antique que les pythagoriciens (au cinquième siècle avant Jésus Christ) inventèrent pour le remplacer le mot théurgie qui signifie « œuvre de Dieu », alors que magie venant de l'ancien persan « mago », de ma mesure et go, œuvre, action signifiait « œuvre de la mesure », sachant que ma signifie à la fois mesure au sens géométrique, au sens musical et harmonique. On voit que les deux mots désignaient une même chose, puisque l'œuvre de Dieu est la création, et que cette création (que ce soit celle du « modèle spirituel » ou du monde physique) s'opère selon les pythagoriciens par l'harmonie des nombres. En sanskrit, magie se dit maya et maya signifie illusion. Seulement selon la philosophie hindoue, maya, l'illusion est également le monde physique : le monde des créatures. C’est notre monde que jusqu’à la Renaissance on a appelé avec justesse le monde sensible (perceptible par les sens).Magie noire, magie blanche.
Le manichéisme influence tellement la pensée contemporaine qu’on ne nous pardonnerait pas de me pas traiter de cette question bien qu’elle soit par nature triviale. De fait, la magie est l'ensemble des procédés et connaissance physiques et spirituels permettant d'agir sur la créature ou le monde des créatures (le monde sensible). Fondamentalement on distingue deux sortes de magie, la magie objective qui vise à agir sur d'autres êtres et la magie subjective qui vise à agir sur l'opérateur lui-même. La distinction entre magie « blanche » et « noire » étant d'un autre ordre. Cette seconde distinction est d'ailleurs ambigüe. Pour le peuple « noire » signifie maléfique, destinée à faire le mal et « blanche » bien, destinée à faire le bien, à soulager les maux de ce monde. Seulement les notions de bien et de mal varient d'un peuple à l'autre, d'une religion à l'autre et même d'un individu à l'autre suivant ses opinions philosophiques... Ainsi, dans le monde occidental, porter atteinte à la liberté individuelle est généralement considéré comme « mal » parce que, dans l'ensemble l'Occident est plutôt humaniste. En revanche, dans d'autres sociétés, préserver la liberté de l'individu ou même sa vie peut être considéré comme un acte de magie noire si cela favorise ou permet à une infraction à l'ordre religieux ou social de se perpétuer. Donnons un exemple qui même dans les sociétés occidentales est sujet à débat. Un homme ou une femme quitte son conjoint pour aller vivre avec une tierce personne. Pour certains, il est légitime de ramener cette personne à son foyer au nom des « liens sacrés du mariage » et ce, avec ou sans son consentement. Pour d'autres, ce ne l'est pas. Pour d'autres encore la légitimité d'une telle entreprise varie suivant que c'est l'homme ou la femme qui a quitté le foyer... Du point de vue des religieux, la distinction entre le blanc et le noir, le bien et le mal en magie est d'un autre ordre. Elle tient à l'origine du pouvoir. Selon eux, si le pouvoir vient de Dieu, l'acte est bon, c'est de la magie blanche ; si le pouvoir vient de Satan, l'acte est mauvais, c'est de la magie noire et ceci est indépendant de l'effet recherché. Ainsi, dans le rituel d'excommunication majeure l'évêque livre l'excommunié à Satan pour le reste de sa vie présente et future, mais, comme l'évêque tient son pouvoir de l'Eglise (et donc de Dieu) c'est du point de vue religieux un acte légitime, et donc un acte de magie blanche. Pourtant est-il pire sort que de faire vivre l'enfer sur terre à un individu ? Cependant, c’est là ce que nous voulons faire comprendre au lecteur, ces notions de magie noire et blanche, se réduisent finalement à des questions de normes ou de dogmes religieux ou sociaux. Ces distinctions primaires ont cours dans le monde profane (bien qu’elles y soient rarement un reflet du réel) mais ne sauraient avoir une réelle valeur pour celui qui suit la voie magique. Les lois de la conscience pour lui sont plus subtiles, plus complexes. Une loi par exemple peut être bonne dans son principe et mauvaise dans ses effets. Doit-on choisir la morale du principe ou celle de l’effet qui, quoi qu’on en dise est presque toujours prévisible. Vous l’avez compris quand on suit la voie magique il n’y a pas, il ne doit pas y avoir de morale toute faite mais il doit y avoir une « obligation de conscience » par rapport à l’acte au but, à ses conséquences, mais aussi par rapport à ses antécédents, aux motivations qui conduisent à l’acte. « fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent » pourrait être une façon d’exprimer cette obligation de conscience, mais cette assertion est encore bien trop simpliste car l’individu ou le groupe ne veulent pas forcément qu’on leur fasse ce qui est le mieux pour eux et direz-vous, c’est leur liberté. J’étais récemment interviewé à propos de mon livre Coupeurs de feu et panseurs de secrets. J’y explique que l’action du coupeur de feu peut être limitée par ses propres préjugés ou par ceux du patient. Par exemple certains rationalistes seraient tellement bouleversés d’être guéri par un moyen occulte que rien sur eux n’a d’effet. En revanche et tous les magnétiseurs ont vécu cette expérience, ces mêmes personnes peuvent être traitées à distance, car les barrières qu’elles dressent pour se protéger n’existent pas quand elles ne savent pas qu’on les traite. La journaliste était indignée et m’accusa de « violer leur libre arbitre ». Or le « viol de libre arbitre » n’est ici qu’apparent. Ce que les personnages dont il est ici question rejettent, c’est le fait de constater un phénomène qui remet en cause leur vision du monde. Ce rejet est d’ailleurs souvent à demi inconscient et leur pensée hésite « je n’y crois pas » à « je ne peux pas ou ne veux pas y croire », « j’ai peur d’y croire » et même « ce serait mal d’y croire ». Il s’agit de choses qui ont été ancrées dans leur inconscient et dans leur conscient et sur lesquelles repose leur vision du monde. Ce qui constituerait un viol, ce serait de les contraindre à constater l’efficacité de des pratiques, mais cela, les lois de l’univers ne le permettent pas. Quant au fait qu’un magnétiseur ou un coupeur de feu au tout autre praticien de l’occulte rente de les soigner à distance et soit persuadé de les avoir soulagé ou guéri, cela n’influence en rien leur conscience et ne les contraint en rien. Si après coup le praticien venait leur dire « j’ai fait ceci ou cela » pour te guérir, ils se moqueraient de lui…. Quant à leur guérison, elle ne les surprend pas : la médecine admet avec raison un phénomène appelé « guérison spontanée ».L'action magique ou théurgique ou comment agissent magie et théurgie ?
L'opérateurMagie et théurgie considèrent l'ensemble des mondes spirituels et physiques comme les organes d'un seul être : l'Univers. Chaque créature est reliée au centre de cet Univers par des « informations » descendantes et montantes (tout comme un organe ou un membre est relié au cerveau par le système nerveux ce qui lui permet de recevoir des ordres et d'envoyer des informations). L'action magique ou théurgique consiste à envoyer des informations vers le centre ou le haut, dans le but que des ordres qui en résultent soient envoyés par lui vers une créature précise, la créature en question pouvant être un monde, une espèce animale, une collectivité, un individu ou encore l'opérateur lui-même. Pour obtenir ce résultat, l'opérateur utilise des « mots », les symboles, et une grammaire, l'allégorie et des moyens qui sont la prière, l'offrande le geste. Le premier objectif de l'opérateur est de créer un « système » qui permet d'envoyer sélectivement des informations vers le centre : c'est le temple ou le cercle magique et les rites qui accompagnent sa création qui sera une « image symbolique de l'univers ». L'opérateur se placera physiquement et spirituellement au centre de cette image symbolique. En magie pratique, cette partie du travail peut être réduite à sa plus simple expression. En théurgie, la construction de cette allégorie de l'Univers peut être purement intérieure Nous avons développé cet aspect théorique de la magie dans Melchior ou la voie magique. L'étape suivante sera de créer une allégorie de la situation et du but à atteindre. Enfin il faudra désigner la créature visée par l'action par des éléments précis tels que son nom ou son image. Ces éléments, parce qu'ils sont « créés » ou plutôt disposés et énoncés par l'opérateur au centre de l'image symbolique de l'Univers seront transmis au centre de l'Univers comme une sensation l'est au cerveau, le centre réagira en envoyant un ordre. Pour plus de clarté permettons nous une analogie triviale et très imparfaite avec le fonctionnement du microcosme (l'homme). La main, et son prolongement, le doigt sont dans l'homme symbole du « toucher » parce que la main est l'organe du « toucher conscient ». C'est avec elle que l'on palpe ou caresse. Dans le domaine des excrétions, le « mouillé » est symbole de l'urine. Si nous plongeons le doigt d'un dormeur dans un verre d'eau, l'information « mouillé » est envoyée au cerveau qui renvoie l'ordre d'uriner. Cette partie est développée dans les 650 mots de pouvoir (réédités aujourd’hui sous le titre Les mots de pouvoir en magie et théurgie) qui explique les techniques verbales et graphique de manipulation des mots et des concepts en magie, notamment celle de la conception des talismans personnalisés et des carrés magiques.
La théurgie.
Le cercle magiqueEn principe, la théurgie est avant tout une magie subjective, une magie destinée à modifier les états de conscience de l'opérateur, à provoquer sa réconciliation avec son créateur puis sa réintégration dans l'unité (Dieu). Cependant, si l'opérateur entreprenait une telle œuvre uniquement pour lui-même, ce serait une œuvre « égoïste », une source de disharmonie, et elle serait vouée à l'échec parce que la magie est l'art de l'harmonie. Le premier travail du théurge est donc de prendre conscience de cette réalité. Ensuite, il œuvrera pour la réintégration de tous les êtres (comme le moine prie pour le salut du monde), ce qui, puisque l'Univers est un seul animal comprend les animaux, les plantes, les minéraux. Cependant, l'œuvre théurgique ne donnant pas de résultats concrets (à part des signes qui peuvent être des hallucinations), le théurge s'astreint en outre à des œuvres concrètes telles que par exemple des œuvres de guérison qui lui permettent de vérifier que ses opérations ne sont pas illusoires. Elles sont indispensables, et elles sont le grand piège de la voie théurgique, parce que les « résultats positifs » et la satisfaction qu'ils procurent peuvent influencer les états de conscience de l'opérateur. Le théurge doit faire œuvre de charité, mais l'effet de sa charité ne doit pas lui « gonfler la tête ». Quant au Grand Œuvre théurgique, le théurge conscient sait qu'il n'en verra jamais les résultats de son vivant. Néanmoins, il faut savoir qu'on ne peut réellement employer le terme théurgie au sens propre si l'opérateur n'a pas entrepris ce « Grand Œuvre », et ce quelle que soit l'action bénéfique de ses opérations.
Un préalable indispensable : la qualification.
Traditionnellement, la qualification en magie est obtenue par une transmission de pouvoirs ou par une initiation. Transmission de pouvoirs et initiation sont deux actes fondamentalement différents. La transmission de pouvoirs confère à celui qui la reçoit une qualification effective mais partielle, lui permettant d’accomplir les rituels qui lui ont été transmis avec efficacité. Elle permet d’atteindre les états de conscience nécessaires à l’accomplissement des rituels qui ont été transmis mais ne donne ni les moyens de prendre conscience de ces modifications d’état de conscience ni ceux d’en tirer parti pour son évolution. Cela ne signifie pas bien entendu que l’individu qui a reçu une transmission ne peut pas par un « travail intérieur » accéder à une qualification complète. L’initiation confère une qualification complète, mais potentielle. L’initié reçoit tous les « éléments » du travail intérieur à accomplir, mais s’il ne les utilise pas sa qualification ne deviendra jamais effective. Le premier pas dans le travail intérieur du mage est l’acquisition d’une liberté intérieure, d’un détachement de son ego, de son milieu, de son passé, de ses opinions… De tout ce qui est considéré par les autres comme sa personnalité ou son identité. Cela ne signifie en rien qu’il faut détruire tout cela. Il faut en devenir le maître alors que notre nature « d’animal social » en a fait l’esclave. J’explique les méthodes pour y parvenir dans La voie de la liberté.
Conclusion.
Cette introduction théorique à la magie et à la théurgie peut sembler à certains visiteurs bien éloignée de leurs préoccupations. Néanmoins, s'ils la comprennent et en tirent les conclusions qui s'imposent, ils constateront que l'efficacité de leurs œuvres magiques augmentera considérablement, parce que si le geste juste et la parole juste sont accompagnés de la pensée juste, leur efficacité est décupléeLivres traitant de magie
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