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Monde occulte

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Les textes et illustrations contenues sur ce site sont protégés par les lois sur le droit d'auteur (sauf indication contraire). Pour citer cet article : Jean-Luc caradeau, www.caradeau.fr, 2016 - Sixte Ier, septième évêque de Rome -Sixte Ier, septième évêque de Rome, contemporain de Basilide est considéré par l'Église comme saint et martyr mais… . Article publié sous le pseudonyme de Jean Chaudy dans le n°7 de Histoire des papes et des saints – Février-Mars 2010. Revu et complété avant publication sur ce site.
Sixte Ier, septième évêque de Rome - - article - French

Sixte Ier, septième évêque de Rome

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«  Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité. » Paul, première épitre aux Corinthiens, chapitre XV, verset 50

Sixte Ier
Mosaïque de Saint Paul hors les murs
Sixte fut le septième évêque de Rome : le titre de pape n'existait pas encore


Rome au temps des premiers gnostiques

On sait peut de choses de la vie des premiers évêques de Rome et il est difficile de démêler dans les rares sources dont on dispose ce qui relève de la légende et ce qui relève de l’histoire.


Une biographie lacunaire et incertaine

Sixte, Sixtus ou sistus est l’un des premiers évêques de Rome les moins connus. Même la durée de son pontificat est incertaine, puisque le catalogue libérien, une liste des évêques de Rome datée de 354, le fait régner de 117 à 126, alors qu’Eusèbe de Césarée (v. 265-v. 340) le fait mourir dans la douzième année du règne d’Hadrien (117-138), soit en 128 ou 129, après un épiscopat de dix ans, ce qui le ferait accéder au trône de Saint-Pierre au plus tôt en 118. Le plus fiable des dictionnaires récents (Brepols, 1994**) considère que les dates les plus probables sont vers 116-vers 125.
L'Église, dans l’ancien canon de la messe, l’honore comme martyr le 3 avril, mais Irénée de Lyon (v. 130-202) qui établit une liste des premiers évêques de Rome ne dit pas qu’il le fut, alors qu’il donne ce titre à son successeur Télesphore. Relevons que Sixte Ier n’a pas d’actas(1). Le Liber Pontificalis rapporte qu’il avait été enterré auprès de saint Pierre, mais pour beaucoup d’historiens actuels*, cette assertion n’est pas crédible ; il lui attribue un décret réservant aux seuls prêtres le droit de toucher la vaisselle sacrée et un autre autorisant de chanter le Sanctus avec le prêtre. Mais ces innovations liturgiques sont « clairement anachroniques »**.

Les martyrs sous Sixte Ier

Le martyrologe romain d’avant 1969 rapporte le nom d’un certain nombre de martyrs entre 116 et 125. Marcien, premier évêque de Tortone (fêté le 6 mars) qui aurait été disciple de saint Barnabé. Il aurait été martyrisé en 120, mais « il existe une théorie qui permettrait d’identifier ce Marcien à celui de Ravenne » († 127), qui ne fut pas martyrisé***.
Eustache, martyrisé avec sa femme Théopista et leur deux fils Agapit et Théopiste (fêtés le 20 septembre) en 118. Ils ont les honneurs de La Légende dorée, mais leurs actas sont considérés comme « très douteux » et leur culte a été supprimé en 1969***.
Faustin, évêque en Lombardie et son frère Jovite auraient été décapités à Brescia sous Hadrien. Les détails de leur passio sont considérés comme douteux, et leur culte, bien qu’ancien et largement répandu, a été supprimé en 1969***.
Philet, Lydie et leurs compagnons auraient été martyrisés en Illyrie, en 121, mais ils ont été retirés du martyrologe d’après 1970***.
Au XIXe siècle, l’abbé Rohrbacher fait déjà état de ces doutes historiques (ce qui prouve qu’ils ne datent pas de Vatican II). Quant au cardinal Jean Daniélou (Nouvelle histoire de l’Église avec Henri Marrou, volume 1, Seuil, 1963), il écrit que le règne d’Hadrien fut « une période de calme pour les chrétiens ».
Cela dit, que ces saints aient été ou non martyrisés, qu'ils soient ou non au martyrologe, ils continuent de guétir divers maux dans les recettes de panseurs de secrets et sans doute de faire quelques miracles...

Le chrétien doit mener une vie de pénitence

À Rome, c’est à cette époque que commence à se développer une controverse sur la date de Pâques entre les chrétiens asiates (originaire du Moyen Orient et proches du judaïsme) et ceux originaires du monde gréco-romain. Selon Jean Daniélou, c’est du pontificat de Sixte Ier qu’il faut dater la Deuxième épître aux Corinthiens de Clément de Rome qui, en réalité, serait une homélie anonyme. Elle donne, d’après lui, une assez bonne idée de la théologie romaine (la théologie alexandrine est différente) de cette période.

La deuxième épitre aux Corinthiens de Clément : « que personne ne vous dise que cette chair ne sera pas jugée et qu’elle ne ressuscitera pas […] »

L’auteur de la Deuxième épître de Clément affirme que les chrétiens d’origine païenne sont plus nombreux que ceux d’origine juive (chap. II). Au chapitre V, il enseigne que le chrétien qui éprouve le désir des biens de ce monde (l’argent, le pouvoir… et même la vie) dévie de la justice. Or, pour être sauvé, il doit offrir au Christ une vie de justice et de sainteté (chapitres V, VI). Cette vie doit d’ailleurs être toute de pénitence (chap.VII) car, après sa mort, il ne pourra ni se confesser ni faire pénitence (la notion de purgatoire n’existe pas encore, elle apparaît au IIIe siècle : Actas de Perpétue et Félicité, oeuvres de Tertullien). Il expose la doctrine de la Résurrection : « que personne ne vous dise que cette chair ne sera pas jugée et qu’elle ne ressuscitera pas […] il faut garder cette chair comme un temple de Dieu […] dans cette chair nous recevrons notre récompense » (chap. IX). Il justifie la pénitence par le fait que le nom de Dieu ne doit pas être blasphémé à cause des chrétiens : les païens admirent les paroles du Christ mais, apprenant que nos « œuvres ne répondent pas à nos paroles », ils blasphèment et disent que « c’est une fable et une erreur » (chap. XIII). Il affirme, enfin, l’éternité de l’Église : « Dieu créa l’homme mâle et femelle », « le mâle c’est le Christ, la femelle c’est l’Église » et elle « qui était spirituelle est devenue visible dans la chair du Christ ». Il ajoute : « la chair est la copie de l’Esprit » et celui qui corrompt la copie n’aura pas de part à l’original (chap. XIV). Il annonce le jour du Jugement : « Connaissez que déjà vient le Jour du Jugement […] quelques-uns des cieux et la terre entière se liquéfieront comme le plomb fondu […] et alors seront manifestées les œuvres secrètes ou publiques des hommes. L'aumône est excellente comme pénitence […] le jeûne vaut mieux que la prière, mais l'aumône vaut mieux que l’un et l'autre… ». Il explique les malheurs des justes : « Si Dieu donnait promptement aux justes leur récompense, ce serait bien vite un négoce et non plus la piété que nous pratiquerions… » (chap XX).
Déjà à cette époque apparait la contradiction avec Saint Paul : « Corinthiens XV, 50 Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité. »

Papias : le père du littéralisme

Il faut noter aussi parmi les contemporains possibles de Sixte Ier Papias d’Hiérapolis, un des Pères de l’Église. On ne le connaît que par Irénée de Lyon († 202) – qui le considère comme un disciple de Jean – et l’auteur de la Deuxième épître de Pierre (intégrée au canon et publiée vers 130), mais c’est plus douteux, car Irénée de Lyon semble l’ignorer. Et surtout par l’oeuvre d’Eusèbe, qui a bien peu d’estime pour lui. D’après ce dernier, Papias est l’auteur d’un ouvrage en cinq livres intitulé les Exégèses. Citant la préface de cet ouvrage, Eusèbe montre qu’il est l’élève du presbytre Jean (et non de l’apôtre comme le croyait Irénée). Il reproduit également les témoignages que rapporte cet auteur sur les premiers récits de la vie de Jésus : l’évangile de Marc et les loggia (paroles) rassemblées par Matthieu. La critique moderne considère qu’il ne s’agit pas de l’Évangile selon Matthieu, mais d’un texte aujourd’hui perdu. Enfin, Eusèbe écrit : « Par exemple, il dit qu'il y aura mille ans après la résurrection des morts et que le règne du Christ aura lieu corporellement sur cette terre. Je pense qu'il suppose tout. cela, après avoir compris de travers les récits des apôtres, et qu'il n'a pas saisi les choses dites par eux en figures et d'une manière symbolique. En effet, il paraît avoir été tout à fait petit par l'esprit, […]cependant il a été cause qu'un très grand nombre d'écrivains ecclésiastiques après lui ont adopté les mêmes opinions » (Eusèbe, Livre III, chapitre XXXIX, traduction d’Émile Grapin, Paris, 1911, BnF Lire sur le site de la B. N. F.).

Pas encore de pape

Sixte Ier est uniquement évêque de Rome, mais une primauté d’honneur lui est reconnue par certaines autres Églises que les historiens appellent « pétriciennes ». C’est le cas de l’Église d’Antioche comme en témoigne l’épître d’Ignace à l’Église de Rome : « III, 1.Jamais vous n’avez jalousé personne, vous avez enseigné les autres. Je veux, moi, que ce que vous commandez aux autres par vos leçons garde sa force. ». Toutes les Églises sont alors touchées par le développement de sectes gnostiques et le judéo-christianisme ; la distinction entre les deux est tout à fait théorique. La gnose étant souvent un syncrétisme entre l’angéologie juive et la philosophie platonicienne. Elle recourt aussi à des allégories héritées du paganisme Basilide, le plus célèbre des gnostiques, enseigne à Alexandrie au début du second siècle.



(1) Texte considéré par l’Église comme le récit historique de la vie du saint


Bibliographie
* Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003."> L'acheter sur Amazon
** J. N. D. Kelly, Dictionnaire des papes, Brepols, 1994.l'acheter sur Amazon
*** Bénédictins de Ramsgate, Dix mille saints, Brepols, 1991.l'acheter sur Amazon
**** F. Bougard, M. Sot (éd.), Liber, Gesta, histoire. Écrire l'histoire des évêques et des papes, de l'Antiquité au XXIe siècle, Brepols, 2009. Cet ouvrage étudie différentes variantes du Liber Pontificalis, un manuscrit recopié de siècle en siècle et de région en région, dont les moines copistes ont pieusement complété chaque notice avec quelques fausses décrétales du neuvième siècle conformes aux intérêts politiques ou théologiques de leur régionl'acheter sur Amazon







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