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Les secrets de la chapelle Sixtine

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«  L'Église applique à Marie ce que Salomon dit de la sagesse, car la Vierge est la mère du Verbe, Sagesse incréée. » Dom Gaspar Lefebvre dans le commentaire du rituel de la messe de l’Immaculée Conception (instituée par Sixte IV).

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La chapelle Sixtine est un hymne à la Vierge en tant que Sagesse éternelle

La chapelle Palatine étant en ruine, Sixte IV entreprend de la faire reconstruire en 1475 et le fait si magnifiquement qu’elle prendra le nom de chapelle Sixtine. Cette reconstruction nous en apprend peut-être plus sur les conceptions religieuses du pape que toutes les bulles qu’il a pu publier. La dédicace eut lieu le 15 août 1483 en l’honneur de l'Assomption de la Vierge. D’ailleurs selon Heinrich Pfeiffer, auteur de La chapelle Sixtine révélée L'iconographie complète.**, « L’Oraison pour l’Immaculée Conception de Francesco della Rovere (futur Sixte IV) constitue la base de tout le programme des fresques de la Sixtine ». Par ailleurs, celle-ci emprunte des interprétations allégoriques de la Bible telles que l’Expositio super septem visiones libri Apocalypsis (L’exposé sur les sept visions du livre de l’Apocalypse), attribué à saint Ambroise, et non au texte de la Vulgate. L’iconographie religieuse se base souvent sur des commentaires. Cet usage date du IVe siècle et il ne disparaîtra progressivement qu’à partir du XVIe siècle, après le concile de Trente. »


Des dimensions en référence au Temple de Salomon ?

Si la chapelle Sixtine est, comme l’écrivent de nombreux auteurs, un nouveau temple de Salomon, ses dimensions doivent pouvoir être exprimées en coudées et en nombres entiers. En partant des dimensions de la nef on peut établir que la coudée utilisée mesure 0,6705 m et que les dimensions au sol sont de 60 coudées sur 20. Ce qui correspond à celles de la partie centrale du temple de Salomon et non au temple proprement dit (Rois I, 62). Ces proportions ne sont pas dues à Sixte IV, ni à son architecte puisque, lors de la construction, on réutilise les murs de la chapelle médiévale jusqu’au tiers de la hauteur. La hauteur de l’édifice est de 20,69 ou 20,70 m. Cela représente 30 coudées de hauteur et 6 palmes, (qui doivent représenter la hauteur des pignons saillants au dessus du toit(1)). Il en résulte que l’arête du toit doit se situer approximativement à 30 coudées, hauteur du temple de Salomon. Cette dernière dimension étant évidemment un choix délibéré du pape ou de son architecte.

Une chapelle dédiée à la Vierge

Les fresques sont réalisées par Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio, Cosimo Rosselli, Pinturicchio, Le Pérugin, Biagio d’Antonio Tucci, Luca Signorelli. Le symbolisme initialement voulu par Sixte IV est « cosmique », et cela s’explique par le fait que l’Immaculée Conception fait de la Vierge bien autre chose qu’une petite fille exceptionnellement vertueuse choisie par Dieu pour être la mère porteuse de son fils unique. Comme le rappelle Dom Gaspar Lefebvre dans le commentaire du rituel de la messe de l’Immaculée Conception : « L'Église applique à Marie ce que Salomon dit de la sagesse, car la Vierge est la mère du Verbe, Sagesse incréée. » Ce commentaire est placé juste avant le texte de la Sagesse qui est la lecture du jour(2). Si l’on veut comprendre le sens des fresques tant des murs que du plafond de la chapelle Sixtine, il ne faut jamais perdre de vue cet aspect de la théologie catholique qui veut que la Vierge (Sagesse) existait avant le Bereshit(3). Cette application du texte de la Sagesse de Salomon à la Vierge est une conséquence directe de l’Immaculée Conception, et c’est pourquoi son institution fut contestée par une partie du clergé(4). Elle est d’ailleurs encore aujourd’hui mal acceptée dans certains milieux catholiques(5) en raison de son aspect platonicien(6).

Le symbolisme cosmique de la chapelle initiale

La voûte de l’unique nef est initialement peinte en bleu et piquetée d’étoiles. Le sol est recouvert d’une mosaïque de type cosmatesque, laquelle comporte un symbole récurrent : le sceau de Salomon, symbole représentant l’interaction entre l’esprit et la matière, traduisant l’idée générale « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, ainsi toutes choses sont nées d’une seule » et montrant que la créature est le reflet inversé du Créateur (comme dans un miroir). Entre les deux, se déroulent sur les murs, d’un côté la vie de Moïse, de l’autre la vie de Jésus (les deux premières scènes sont représentées sur le mur Est (celui de l’autel). Cette « mise en parallèle » n’a d’autre but que de montrer que la vie de Moïse préfigure celle du Christ. Un thème des plus classiques, déjà développé par les premiers Pères de l’Église. Le prophète et le fils unique de Dieu sont évidemment les exemples types de la manifestation de l’Esprit par l’intermédiaire du corps de chair de la créature. La voûte étoilée représente la limite du monde visible, matériel, car nul ne peut voir ce qui se trouve au-delà, les mondes appelés à l’époque « surcélestes », ceux des anges. Le sol, avec ses sceaux de Salomon et ses représentations symboliques, représente la structure du monde créé. Les scènes de la vie de Moïse et de Jésus représentent le lien entre l’un et l’autre monde. La chapelle est donc, , comme l’étaient tous les temples antiques et comme le sont toutes les églises construites avant le vingtième siècle, une allégorie du monde. Les scènes sont classées dans l’ordre chronologique à partir de l’autel, mais sont évidemment faites pour être vues en ordre inverse, en partant du portail, car la démarche du salut est un retour (ou une remontée) vers Dieu.

Chatiment de Corée, Dantan et Abiran
Naissance et découverte
Nativité
Circoncision de son fils Autel Baptème de Jésus
Epreuves ← Moise Tentation de Jésus
Passage de la mer rouge ↕↔ marche sur les eaux
Remise des tables de la Loi Sermon sur la montagne
Chatiment de Corée, Dantan et Abiran Remise des clés de saint Pierre
Derniers actes de Moïse Cène
La dispute autour du corps de Moïse Jésus → La Résurrection
Sens théologique des couleurs
Blanc Foi
Bleu Église
Jaune vif Saunteté
Rouge Feu
Vert Espérance
Violet Pénitence
Jaune sale ou terne Péché


Des fresques avec des codes «  évidents »

La culture, que partagent les peintres et leurs mécènes, leur permet de communiquer à travers des œuvres dont nous ne savons plus admirer que l’esthétique. Tout dans les fresques est porteur de sens. Le vêtement d’un personnage se réfère par sa couleur à l’héraldique ou à la symbolique des couleurs. La posture se réfère aux nombres ou aux lettres marquées par certaines gesticulations et il en est de même de la position des doigts. Notons qu’à l’époque ces codes sont aussi familiers au mécène qu’à l’artiste. Il sont en effet enseignés, les uns lors de l’étude du trivium, les autres lors de celle du quadrivium. Il en résulte que ce que certains auteurs actuels, particulièrement Benjamin Blech et Roy Doliner*, prétendent être des codes réservés aux initiés sont, pour l’homme cultivé du XVe siècle, extrêmement clairs. Leur livre paru en 2008, Les secrets de la chapelle Sixtine, est sous-titré : Les messages cachés de Michel-Ange et comment il a défié le Pape. Mais ils raisonnent en chrétiens post-tridentins du XXIe siècle sur des images datant du XVIe. Ils ne tiennent pas compte des codes de l'iconographie médiévale qui sont à la base du travail de Michel-Ange, ni de ses sources : l'arbre de Vie de Saint Bonaventure, et le commentaire qu'en a fait un neveu de Jules II, la Vulgate, et l'Oraison pour l'Immaculée Conception de Francesco della Rovere, futur Sixte IV. Ils ne tiennent pas compte non plus des conséquences théologiques de l'Immaculée Conception et de l'importance qu'elle donne au Livre de la Sagesse de Salomon.

Les peintres, des artisans ymagiers

Par ailleurs les peintres sont, comme en France, membres d’une corporation d’ymagiers (incorporée aux corporations du bâtiment – Georges Renard, Histoire du travail à Florence, Éditions d’art et de Littérature Paris, 1913), héritière des « collïgia ». Cette corporation dispose, comme toute organisation de ce type, de signes, de secrets de métier, intelligibles en principe à ses seuls membres. Aux codes lisibles par tous les lettrés de l’époque s’en superposent donc certains, accessibles aux seuls gens de l’art. Le phénomène n’est ni nouveau ni particulier aux fresques de la chapelle Sixtine. Ces superpositions de codes existent depuis l’antiquité et peuvent être constatées, par exemple, sur tous les portails des cathédrales. Mais de constater à déchiffrer, il y a un pas que l’observateur moderne ne saurait souvent franchir faute de connaissances adaptées.

Une probable signature corporative

Par exemple, un petit chien blanc apparaît dans tous les tableaux représentant les vies de Jésus et de Moïse. Il aurait appartenu à l’un des peintres qui réalisèrent les fresques, Cosimo Rosselli, et serait devenu la mascotte de l’équipe œuvrant sur ce chantier*… Des auteurs modernes y voient une possible offense rituelle, mais ce peut être une signature corporative.
Dans l’une des organisations compagnonniques existant encore en France, les membres s’appellent entre eux « les chiens ». Dans l’organisation rivale, les ouvriers s’appellent « des loups ». Il faut remarquer ici que cette division entre « chiens » et « loups » est probablement d’origine romaine.

Le Christ représenté en compagnon bâtisseur

Dans le tableau représentant les tentations du Christ, ce dernier est représenté au pinacle du temple de Jérusalem, debout à côté de Satan, avec la main au col, pouce caché (on ne voit que quatre doigts). Il faut voir dans ce geste un signe de reconnaissance corporatif(8), même si une autre interprétation est possible car, dans ces œuvres allégoriques, une lecture en cache ou révèle toujours plusieurs autres.

La puissance de Dieu ou celle des della Rovere ?

Dans le tableau des épreuves de Moïse (du meurtre de l’Égyptien à la sortie d’Égypte) réalisé par Botticelli, un chêne (blason de la famille della Rovere) surmonte les hommes chassés par Moïse et un oranger portant des fruits (blason des Médicis) surplombe les agneaux innocents dans la scène du Buisson ardent. L’interprétation héraldique fait de la présence de ces deux arbres à ces endroits un règlement de compte avec le pape de la part du peintre florentin proche des Médicis. Interprétation que l’on confirme en faisant remarquer que le rebelle Corée est vêtu de bleu et d’or (couleurs des della Rovere) dans un autre tableau. Cette « clé héraldique » ne peut s’appliquer seule à ce tableau. Le chêne est aussi un symbole de force, et souvent de la force divine. L’oranger est un symbole d’abondance, de fécondité et donc de bénédiction. Par ailleurs le Père Éternel, bénissant Moïse, jaillit d’un buisson d’acacia (bois imputrescible, symbole d’éternité) et le chêne ombrage également un puits dans lequel Moïse puise de l’eau pour abreuver les agneaux. L’interprétation la plus classique de cette scène est : « le pasteur Moïse abreuve son troupeau avec l’eau de la Loi »(9).

Des tensions entre Michel-Ange et les papes ?
Elles furent très exagérées et font partie de la légende de la chapelle Sixtine.
Sur les questions techniques
Entre le pape et le peintre, elles portèrent surtout l’emploi du temps, les contraintes techniques, les finances ; exemple : Jules II voulait beaucoup de bleu et d’or (les deux couleurs les plus chères), mais le peintre traina les pieds car payait les couleurs sur ses émoluments.
Sur les questions théologiques
Entre le pape franciscain (qui fit réaliser le projet du peintre) et ses conseillers théologiques dominicain, qui voulaient qui voulait qu’on représente au plafond le Christ et les apôtres, il semble que la bataille fut rude. Jules II, doit sas doutes à ses conseillers une partie de sa funeste réputation.
Sur les questions politiques
Malgré sa prise de position pour l’empereur (contre le pape) à Florence entre 1627 et 1629, il n’eut pas de problèmes avec Clément VII, sauf à propos du tombeau de Jules II, dont ce pape retarda l’achèvement.


Jules II achève la chapelle de son oncle

Jules II (1503-1513) va confier, en 1504, l’achèvement de la chapelle Sixtine à Michel-Ange (1475-1564), sculpteur florentin qui s’est réfugié à Rome pendant la dictature théocratique (1494-1498) imposée par le dominicain réformateur Savonarole (1452-1498). Savonarole hait l’art inspiré de l’antiquité, la poésie latine, la culture juive et la philosophie platonicienne…
C’est justement tout ce qu’aime et que connaît Michel-Ange qui a été formé dans l’atelier de sculpture fondé par Laurent le Magnifique dans le Jardin Saint-Marcel, et il a probablement profité des leçons du philosophe et théologien platonicien Marsile Ficin (1433-1499) et de l’hébraïsant Pic de la Mirandole (1463-1494).

La kabbale est-elle sainte ou démoniaque ?

Du XIIIe au XVIe siècle, les deux ordres mendiants ont des positions théologiques bien différentes. Les dominicains sont de stricts scolastiques, les franciscains (dont fait partie Sixte IV) ont quelque penchants platoniciens hérités de leur fondateur – le Cantique du Soleil. Les paroles adressées à notre sœur la Lune et à notre frère le Vent, Le sermon aux oiseaux de François d’Assise sont plus proches des idées platoniciennes que de la très rigide scolastique.
De même les franciscains se penchent volontiers sur la culture juive (l’Ancien Testament préfigure le Nouveau), contrairement aux dominicains. C’est un franciscain qui enseignera la « sainte kabbale » au roi François Ier de France, alors que les dominicains allemands venaient de faire condamner le Miroir de Reuchlin(10) par la Sorbonne et brûlaient le Talmud en place publique dans tout l’empire germanique. Cette opposition entre les deux ordres est l’une des clés du plafond de la chapelle Sixtine, mais retenons que la vision majoritaire de l’Église est plus dominicaine que franciscaine.

Le projet initial : les apôtres

Quand Jules II commande les fresques du plafond de la chapelle Sixtine à Michel-Ange, il veut que l’on y représente le Christ et les apôtres. Michel-Ange, malgré les conseillers du pape, va obtenir un entretien avec lui et réussir à imposer sa propre idée. Jules II aurait mis fin à l’entretien en lui disant d’agir à sa guise*. Cela évidemment ne signifie pas que le pape n’a pas continué de « superviser le projet ». D’ailleurs Michel-Ange s’inspire du Decachordum christianum(11) publié en 1507 dans lequel Marco Vigerio della Rovere cousin et trésorier du pape Jules II, commente L’Arbre de vie de saint Bonaventure***. Les représentations des sibylles font référence aux Livres sibyllins judaïques (textes du IIe siècle provenant d’Alexandrie), tenus en haute estime au Moyen Âge. Ils affirment que les sibylles ont prédit la venue du Christ. Les ancêtres du Jésus placés dans des lunettes sont dans le désordre. D’après nous, la clé de ce désordre apparent est le symbolisme des nombres.
Enfin, la peinture à la fresque sur une voûte est un travail fort complexe : ce que voit l’artiste qui dessine ou peint, le visage à quelques décimètres de la courbe, est bien différent de ce que verra le visiteur vingt mètres plus bas. Une fresque, surtout la plus grande du monde, ne peut donc être entreprise sans que soient réalisés un projet général qui, une fois établi, sera suivi d’innombrables cartons et épures. Il est totalement irréaliste de penser que le pape a pu ne pas voir ce projet général et le projet détaillé de chaque caisson dont la réalisation est indispensable puisque ces images plates seront reproduites sur la courbe de la voûte en les déformant selon des règles géométriques précises pour obtenir l’effet visuel recherché.
Dès cette négociation terminée, Michel-Ange congédie les assistants romains qu’on lui a imposés et fait venir de Florence cinq de ses amis qui tous sont des fresquistes expérimentés. Lui ne l’est pas, il est sculpteur et n’a accepté cette commande qu’avec de grandes réticences.

Le plafond conçu par Michel-Ange

Plan du plafond
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Il ressort de l’ensemble du plafond que Michel-Ange veut respecter le symbolisme initialement souhaité par Sixte IV. Le signe évident en est que l’architecture en trompe-l’œil qu’il peint sur la voûte paraît bancale en tous les points de la chapelle, sauf un. Au milieu du sol en mosaïque sont 10 cercles concentriques*, représentant les dix occurrences de « Dieu dit » la Genèse ou les dix sefiroth (pluriel de sefirah, qui signifie numération, pensée, parole, écriture) de la kabbale, et c’est seulement en se plaçant à ce point précis que l’architecture en trompe-l’œil qu’il a peinte sur la voûte devient parfaitement droite, alignée, régulière. Ce point se situe exactement à l’entrée ménagée dans la cloison de marbre qui séparait le chœur du reste du sanctuaire, d’après Benjamin Blech et Roy Doliner*, mais comme nous sommes dans une reproduction du temple de Salomon, il faut lire : qui sépare le Saint du Saint des saints ou analogiquement le monde créé du monde divin. C’est donc en tenant compte de cette clé que nous allons décrire le plafond.
Lorsque le pape franchit le portail, il a au-dessus de sa tête, le prophète Zacharie lisant un livre. Michel-Ange lui a donné le visage de Jules II. Derrière lui se trouvent deux angelots qui lisent par-dessus son épaule. Celui qui est situé à la gauche du prophète, donc au second plan tient son homologue par le cou, et sa main (en arrière et au-dessus de l’épaule droite du pape) fait la figue(12) un geste qui, dans tout le pourtour méditerranéen, sert à conjurer le mauvais sort. Les deux putti protègent donc le prophète du mauvais sort, autrement dit des démons. Zacharie est l’avant-dernier petit prophète et ses premières révélations se résument à ceci : « Dieu va abattre les cornes des nations qui ont levé la corne contre Israël » (Zacharie I, 21), ce qui s’accorde avec le geste de conjuration de l’ange. Aussitôt après, Zacharie voit un ange muni d’un cordeau qui lui dit : « Je vais mesurer Jérusalem, pour voir de quelle largeur et de quelle longueur elle doit être. » C’est là la première opération à effectuer avant de construire une ville ou d’élever un bâtiment. Cette image donne donc deux clés : une clé religieuse, la dispersion des peuples ennemis d’Israël (de l’Église(13)) et une clé architecturale, le commencement de la construction d’un bâtiment. À la gauche du pape, Judith assassine Holopherne(14) et, à sa droite, David abat Goliath d’un coup de cimeterre. Relevons que, dans la demi-lune de droite, sont représentés Jacob (Israël) et Joseph (son fils) qui n’est pas un ancêtre du Christ et occupe la place de Juda (3e et 4e génération après Abraham). Dans la lunette de gauche Ele azar et Mathan (37 et 38e génération, soit les 3e et 4e générations avant Joseph)(15).


L’ivresse de Noé, la sibylle de Delphes, et le prophète Joël

L’interprétation classique : Cham a découvert la nudité de Noé, ivre de vin, et ce manque de respect lui vaudra d’être l’esclave de ses frères (interprétation exotérique).
L’interprétation ésotérique fait allusion à un passage de la Cité de Dieu de saint Augustin qui considère que l’ivresse de Noé est une préfiguration de la passion du Christ. Ce qui met le tableau en relation avec les deux scènes peintes au siècle précédent sur le mur : la cène d’un côté, la passation du pouvoir à Josué par Moïse (Josué et Jésus sont le même prénom en hébreu) de l’autre. Le pape a alors à sa gauche la Sibylle de Delphes, prêtresse d’Apollon et à sa droite le prophète Joël. Dans son livre très court, Joël décrit la destruction puis la résurrection d’Israël.

Le Déluge, les ancêtres et les prophètes correspondants

La représentation du déluge par Michel-Ange s’étend sur plusieurs époques . La colombe et le vent ainsi que les oiseaux plus sombres dans le Ciel montrent que le moment de débarquer est proche. À l’inverse, les terres émergées montrent que l’on n’en est qu’au début : les personnages qui tentent de monter sur les terres portent des vêtements, ont des attitudes, des gestes qui témoignent des raisons de la colère de Dieu. Ainsi, deux personnages se cachent l’œil gauche avec la main, ce qui signifie qu’ils ne regardent que le monde de la matière… Pour comprendre, il suffit de se souvenir qu’Homère déclare les cyclopes impies parce qu’ils se contentent d’un seul oeil. Les deux groupes d’ancêtres du Christ représentent six rois de Juda allant de la 27e à la 32e génération après Abraham.

Le sacrifice de Noé, les ancêtres et les prophètes correspondants

Dans l’angle gauche, quatre animaux attendent d’être sacrifiés : un éléphant au fond, un cheval, un âne qui braie furieusement, la tête tendue vers le Ciel et un bœuf ou une vache rousse. La plupart des bestiaires décrivent dans cette position l’âne sauvage poussant un braiment de fureur en direction du Ciel à l’instant de la naissance du Christ. C’est une représentation de Satan et, ici, il braie de fureur à cause du sacrifice offert par Noé. Les bestiaires prétendent aussi que la peau et les os de l’éléphant (à l’arrière-plan), quand on les brûle, répandent une odeur qui chasse les serpents. Noé, un doigt pointé vers le Ciel, une main posée sur l’autel, est le sacrificateur, l’intermédiaire entre le Ciel et la Terre.
La sibylle d’Erythrée est l’une des belles filles de Noé (livres sibyllins). Le prophète Isaïe marque de son doigt une page d’un livre. Selon Heinrich Pfeiffer**, c’est celle du chapitre VIII, verset 14 de son livre : « Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » cité par Sixte IV dans son Oraison. Sa main gauche forme avec les doigts la lettre hébraïque Beth (?), la première lettre de la Genèse. Le garçon, derrière lui, indique la direction du Ciel avec son pouce levé (le doigt de Vénus).

Adam et Ève chassés du paradis et les deux groupes d’ancêtres

L’arbre de la « connaissance du bien et du mal » est représenté par un figuier, ce qui fait référence soit au Decachordum christianum(11), soit à un midrash(16).Le serpent est un monstre féminin dont le corps se termine en une longue queue de serpent(17). Le chérubin qui chasse Adam et Ève tient une épée sans poignée, ce qui marque sa nature immatérielle. Il la tient dans la main gauche. Selon Heinrich Pfeiffer**, c’est parce qu’il s’agit d’un châtiment. Cela peut au contraire montrer que le châtiment est une allégorie. L’Adam qui cueille le fruit et l’Ève qui en reçoit un du serpent, ont des visages jeunes. Chassés par l’ange, ils ont des visages vieillis. Ils sont marqués par le temps et la corporalité. Quant à la lecture allégorique, ce n’est pas une nouveauté. Ainsi Origène écrit : « Quelle est l’intelligence bornée […] quelle est la vieille femme qui voudrait croire que Dieu a égorgé des animaux pour faire ensuite des vêtements à la manière des corroyeurs ? » […] « Pour éviter une pareille absurdité il faut […] que les tuniques de peau désignent la mortalité qui suivit la faute. La chute est donc l’incarnation d’Adam »(18)… Les deux groupes d’ancêtres représentent les générations 21 à 26 à partir d’Abraham.

La création d’Ève, la sibylle de Cumes et le prophète Ézéchiel

La scène recèle peu de mystères : on y voit Adam endormi et Ève sortant de son côté. Il s’agit là « du prototype de la seconde Ève » (Marie), créée sans péché (d’après Heinrich Pfeiffer** qui s’appuie sur l’Oraison). La sibylle de Cumes aurait demandé à Apollon de lui donner l’éternité. Il la lui aurait accordé en lui faisant remarquer qu’elle avait oublié de lui demander la jeunesse éternelle. Elle vieillit éternellement. Michel-Ange la représente donc avec une tête de vieille femme trop petite pour son corps (d’après Benjamin Blech et Roy Doliner*). Quant au prophète Ézéchiel, dans son Oraison écrite avant d’être pape, Sixte IV cite « le passage de son livre que les ‘’mariologues’’ associent à la Vierge » (Heinrich Pfeiffer**).
Pour les auteurs du XIXe siècle comme l’abbé Rohrbacher***, « Sixte IV […] n'était point informé de leur projet ». Mais, selon Simonde de Sismondi, qui s’appuie sur un texte du Florentin Machiavel (1469-1527), le pape avait préparé une expédition militaire coordonnée avec le complot. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a incertitude quant au rôle joué par Sixte IV dans cette affaire…

La création d’Adam et les deux groupes d’ancêtres

Divers personnages sont représentés dans le manteau rouge de Dieu, dont une jeune femme ou plutôt une adolescente nue – si l’on tient compte des habitudes esthétiques de Michel-Ange. Elle regarde l’œuvre de Dieu, c’est probablement la Sagesse (donc la Vierge). Les autres personnages dans le manteau sont probablement des anges et des démons(19)), les premiers contemplant l’œuvre de Dieu, les seconds détournant le regard ou fermant les yeux. Les deux groupes d’ancêtres représentent les générations 16 à 20.

Dieu sépare les eaux d’en haut de celles d’en bas, le prophète Daniel et la Sibylle persique

Dans le manteau de Dieu, on remarque de nouveau la Sagesse et, ici, un jeune homme qui doit représenter le Fils. Un troisième personnage dans l’ombre représente peut-être un démon(19)). Le prophète Daniel est explicitement cité par Sixte IV dans son Oraison et il a vécu à l’époque où la Perse dominait Babylone, d’où son association avec la sibylle de Perse.

Dieu crée les plantes et les fruits, les ancêtres associés

Le détail qui choque les auteurs modernes est le postérieur dévoilé du Père Éternel Ils y voient une manifestation de mauvaise humeur de Michel-Ange(20). C’est possible, car il avait congédié ses aides et il a peint ce panneau à main levée en un seul jour, ce qui constitue une prouesse technique exceptionnelle.
Nous restons cependant sceptique, car le projet « à plat » du panneau avait dû être exécuté bien avant et donc vu par le pape lors d’une présentation globale du projet. D’ailleurs le seul reproche qui nous soit rapporté de lui à propos du plafond, c’est qu’il ne comportait pas assez de « bleu et d’or », les couleurs des della Rovere… Les six ancêtres, représentent les générations 10 à 15 à partir d’Abraham. Ce qui, par addition, nous donne à gauche 42, cycle lunaire d’une lune et demi(21), et à droite 33, cycle solaire et âge du Christ lors de la Passion. C’est, selon nous, à ce résultat que visait le désordre apparent des ancêtres.

Dieu crée le Soleil et la Lune, la Sibylle de Libye, Jérémie

Dieu désigne, de ses bras étendus, le Soleil et la Lune. Quatre personnages l’entourent, à droite, le fils et la Sagesse. Les deux personnages sous le bras gauche restent énigmatiques. Le plus proche de Dieu(22) semble être soit un cadavre, soit un homme d’argile à qui il n’a pas encore donné la vie(23). Le personnage près de lui, semble porter un châle de prière (comparable à celui du prophète Ézéchiel). On pourrait donc y voir le peuple juif. Pfeiffer** voit aussi dans ces personnages, de gauche à droite : le matin, le midi le soir et la nuit. La sibylle de Libye représente l’Afrique. Quant au prophète Jérémie, un passage de son livre est cité dans l’oraison de Sixte IV (XXXI, 20-22)(24).

Dieu sépare la Lumière des Ténèbres

D’après Francesco della Rovere, c’est dans le dessein de créer l’Immaculée Conception que Dieu a séparé la Lumière des Ténèbres (Pfeiffer**). Pfeiffer voit aussi Dieu modeler un corps féminin, qu’il semble caresser dans les nuages clairs, alors que l’autre main repousse avec fermeté les nuages sombres.

Jonas, le serpent d’airain, la mise à mort de Haman

Jonas, le prophète qui a fui devant l’ordre de Dieu, puis a avoué sa faute à l’équipage du bateau qui l’emmène vers Tharsis, est une préfiguration du Christ, car il a passé trois jours dans le ventre du poisson (symbole du Christ et signe de reconnaissance des chrétiens durant les premiers siècles). Avec sa main droite, il forme le chiffre « un » et avec la gauche le chiffre « deux », évoquant ainsi la Trinité. La ressemblance de son visage avec celui d’Adam (le Christ est le nouvel Adam, l’Adam de l’homme nouveau) invite à repenser à la phrase : « Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! ». Les fresques du pendentif de la mort d’Haman et du banquet d’Esther ne peuvent être réellement comprises que par celui qui lit le livre d’Esther en le considérant comme une allégorie du Nouveau Testament. Dans cette allégorie, Assuréus est le Christ, Esther, son épouse, est l’Église romaine, Mardochée qui conduit Esther vers le roi est Pierre. Haman est le fils de la perdition, l’antéchrist (Deuxième épître aux Thessaloniciens (II Th III, 3)(25). Haman est, selon le texte de la Bible, « pendu au bois ». Mais ce terme en hébreu est synonyme de crucifixion (Deutéronome 21–22). L’expression est utilisée par Paul (Galates III, 13) : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous – car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois ». Il s’agit donc pour cette scène d’une lecture érudite mais littérale du texte biblique. Le « serpent d’airain » est considéré également comme une préfiguration du Christ (Jean III, 14, 14)(26). Les deux derniers ancêtres représentent les générations 8 et 9, soit un total de 17, huitième nombre premier et somme de quatre premiers consécutifs. Il est aussi la racine du nombre triangulaire 153 (somme des nombres de 1 à 17) et fait donc également allusion aux 153 poissons (Jean, XXI, 11) contenu dans un filet, qui, lui-même, est une allégorie du Royaume de Dieu.

Le Jugement dernier

Commandé en 1534 par Clément VII (1523-1534 ), le Jugement dernier est entrepris en novembre 1536 sous Paul III (1534-1549). Le modèle de la composition de l’œuvre est connu, il s’agit d’une médaille de Bertoldo di Giovanni (v. 1435, 1440-1491) qui fut un temps le maître de Michel-Ange. De ce modèle, il a retranché certains éléments, en a ajouté d’autres. Ses personnages sont au goût de l’époque, inspirés d’œuvres antiques. Ainsi son Christ imberbe renvoie à l’iconographie chrétienne du bas empire romain(27). Il lui a donné le visage de l’Apollon du Belvédère (le Christ Juge est un Christ en gloire, et il est Soleil de Justice). Ses anges n’ont pas d’ailes, c’est probablement parce qu’il a lu le Traité des hiérarchies célestes du Pseudo Denys. Il les représente avec des corps d’adultes nus ou vêtus d’un pan de tissu qui symbolise la vertu. Parmi les « élus », il y a deux juifs (l’un est reconnaissable au bonnet à deux pointes que l’Église leur impose de porter). Ce sont probablement des justes libérés par le Christ lors de sa descente aux enfers(28). Beaucoup d’éléments font référence aux oeuvres de Joachim de Flore (1135-1202) qui fut, certes condamné, par l’Église(29), mais dont le pape Honorius III autorisa le culte à un rang équivalent à celui de bienheureux le 2 mars 1223 au sein des ordres de Cîteaux et de Flore (approuvé par Célestin III en 1196 – éteint au XVIe siècle). Les oeuvres de Joachim de Flore ont inspiré de nombreux théologiens jusqu’au XVIe inclus. L’analyse du tableau demanderait un article entier, compte tenu du nombre de personnages représentés tant de l’Ancien Testament que du Nouveau Testament… Au-dessous se voient les ressuscités… Ceux qui seront sauvés, ceux qui subissent le Purgatoire (qu’anges et démons se disputent), ceux enfin qui sont embarqués pour l’enfer dans la navette de Charon (thème inspiré de La Divine comédie de Dante). L’enfer, tout en bas du tableau, est à la verticale du Christ, et, par ce fait, juste derrière le crucifix de l’autel. D’après Pfeiffer**, cette partie du tableau date de l’époque de Sixte IV et serait peut-être l’œuvre de Donatello (1386-1366). Ce serait la seule œuvre plus ancienne qui subsiste sur ce mur, car Michel-Ange dût effacer deux fresques.

Épilogue

Ces fresques, celles réalisées au temps de Sixte IV et de Michel-Ange ont fait scandale à cause du regard critique qu’elles portaient sur l’Église et en raison de la nudité de nombreux personnages. Les théologiens qui ont « guidé les peintres », et probablement les papes eux mêmes, ont partagé ce regard critique, tout comme ils n’ont pas réprouvé la nudité des personnages. Paul IV (1555-1559), le pape le plus sévère du XVIe siècle, fit voiler le sexe de certains personnages du Jugement dernier par Daniele da Volterra (1509-1566), qui y gagna le surnom de braghettone (culottier). Cette œuvre pudique mais iconoclaste fut reprise par Clément XII (1730-1740). De 1981 à 1992, une restauration des fresques permit de révéler leurs couleurs éclatantes… Elle est contestée par certains amateurs et spécialistes de l’art qui ont prétendu qu’elle n’avait pas respecté les intentions de l’artiste. Contrairement à la restauration, la polémique n’est pas terminée.



Source : Médaille à l'effigie du pape Sixte IV par Andréa Guacialotti - Vers 1480, bronze, diamètre environ 3,5 cm - Musée du Louvre, Inv. n°OA 2455;
(1) Les mesures correspondent toujours à un nombre entier de coudées ou de palmes. La hauteur totale est de 216 palmes, soit 30 coudées à 7 palmes et 6 palmes.
(2) Lecture du Livre de la Sagesse. Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies, avant de faire quoi que ce soit, dès le Principe. J’ai été établie dès l’éternité, et dès les temps anciens, avant que la terre fût créée. Les abîmes n'étaient pas encore, et déjà j'étais conçue ; les sources des eaux n'avaient pas encore jailli ; les montagnes ne s'étaient pas encore dressées avec leur pesante masse ; j'étais enfantée avant les collines. II n’avait pas encore fait la terre, ni les fleuves, ni les bases du globe terrestre. Lorsqu'il préparait les cieux, j'étais la ; lorsqu'il environnait les abîmes de leurs bornes, par une loi inviolable ; lorsqu’il affermissait l’air dans les régions supérieures…
(3) Premier mot de la Bible, « Dans le commencement » pour sa traduction textuelle la plus courante.
(4) En particulier par ceux qui étaient proches des idées de la future Réforme. Le Livre de la Sagesse ne fait pas partie du canon protestant.
(5) Il suffit, par exemple, de lire les nombreux sites Internet qui continuent de la contester.
(6) Ce livre deutérocanonique fut probablement rédigé à Alexandrie et certains critiques y voient des influences platoniciennes.
(7) Les membres de la confrérie des loups d’Osiris hurlaient encore dans les rues de Rome au second siècle de notre ère. À l’origine, ils étaient, en Égypte, charpentiers de marine.
(8) C’est parce qu’il est souvent représenté avec la main à la gorge que les corporations de bâtisseurs ont intégré saint Blaise parmi les patrons de leur profession. Ce patronage n’est pas, à notre connaissance, reconnu par l’Église. D’après Claude Gaignebet, À plus hault sens, Maisonneuve et Larose, Paris, 1986.
(9) Cette métaphore est courante dans la littérature tant juive que chrétienne du Moyen Âge.
(10) Lire l’article sur François Ier
(11) La lyre à dix cordes du christianisme. Ce titre indique clairement une inspiration pythagoricienne et platonicienne, voire kabbalistique.
(12) De la Catalogne au Moyen-Orient, en passant par l’Italie, les bijouteries populaires vendent des pendentifs en forme d’avant-bras terminé par une main faisant la figue. Ils sont censés préserver le porteur du mauvais sort. Par ailleurs, ce geste, dirigé vers le « présumé sorcier » accompagne une « garde » contre les maléfices dont la traduction en français est « qu’il ne puisse me faire plus de mal que le serpent n’en fit à saint Jean ».
(13) Pour le catholicisme, le peuple chrétien est le « vrai Israël »
(14) Général des armées de Nabuchodonosor (Judith II, 4 – XIV, 23).
(15) Généalogie donnée par Matthieu I, 1-16.
(16) Commentaire de la Bible. L’un de ces commentaires dit qu’Adam et Ève ont couvert leur sexe de feuilles provenant de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Or ces feuilles sont explicitement désignées comme étant celles d’un figuier (Genèse III, 7) – ce choix est d’autant plus intéressant que le mot italien « fica » (figue) désigne également le sexe (vulgaire) et qu’en grec συκον (sukon – figue) signifie également « parties de la femme » (dictionnaire A. Bailly). Par ailleurs « malum », pomme en latin désigne aussi n’importe quel fruit en forme de pomme. Il en est de même de μηλον (mèlon) en grec.
(17) Probable référence au Decachordum christianum, qui l’emprunterait à la tradition juive. Ou simplement au texte littéral de la Bible : le serpent a des membres (Genèse III, 14).
(18) Cité par Emile Mâle, L’Art religieux du XIIe siècle en France, Armand Colin, 1998.
(19) Cette interprétation de Heinrich Pfeiffer** ne nous satisfait pas entièrement.
(20) Possible allusion au texte de la Vulgate dans lequel Dieu dit à Moïse : « Tu ne peux voir mon visage, je me retournerai et tu verras mon postérieur » - hébreu : אהרי _ au lieu de : dos, comme dans les versions françaises (Heinrich Pfeiffer).
(21) Très important dans l’agronomie gréco-latine et temps nécessaire à l’œuvre de putréfaction en alchimie.
(22) H. Pfeiffer** y voit le Saint-Esprit.
(23) Mais dans ce cas, il devrait être rouge – Adam en Hébreu signifie rouge.
(24) « 20 Aussi mes entrailles sont émues en sa faveur : J’aurai pitié de lui, dit l’Éternel.
21Dresse des signes, place des poteaux, Prends garde à la route, au chemin que tu as suivi… Reviens, vierge d’Israël, Reviens dans ces villes qui sont à toi !
22 Jusques à quand seras-tu errante, Fille égarée ? Car l’Éternel crée une chose nouvelle sur la terre : La femme recherchera l’homme. »

(25) « Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous préservera du malin.»
(26) « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, »
(27) On rencontre ce type de Christ dans les mosaïques de Saint-Apollinaire à Ravenne.
(28) Décrite dans l’évangile apocryphe de Nicodème et rappelée par Paul dans Éphésiens XXIV, 45.
(29) En 1215, le concile de Latran IV condamne son livre sur la Trinité mais ne censure pas sa pensée dans son ensemble


Bibliographie
* Benjamin Blech et Roy Doliner, Les secrets de la chapelle Sixtine, Michel Lafon, 2008.l'acheter sur Amazon
** Heinrich Pfeiffer La chapelle Sixtine révélée - L'iconographie complète.Un beau livre contenant l’iconographie complète en photos couleur de la chapelle et de nombreux documents complémentaires en noir et blanc (Hazan, 2007, 350 pages 25,5 x 34 x3,5 cm).L'acheter sur Amazon
*** Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003. L'acheter sur Amazon
Autres ouvrages consultés
Missel romain, Dom Gaspar Lefèbvre ; Abbaye Saint André, Bruges – Société Liturgique, Tourcoing ; 1939. L'acheter sur Amazon
Michel Masson, La voie nue, cerf, 2004 L'acheter sur Amazon
François Garnier, Le langage de l’image au Moyen Âge, le Léopard d’Or, 1982.Acheter sur Am&azon le volume 1 - acheter sur Am&azon le volume 2
J. M Tézé, Théophanies du Christ, Desclée, 1988 L'acheter sur Amazon
Gabriel Bianciotto : Bestiaires du Moyen Âge, Stock, 1995. L'acheter sur Amazon









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