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Les textes et illustrations contenues sur ce site sont protégés par les lois sur le droit d'auteur (sauf indication contraire). Pour citer cet article : Jean-Luc caradeau, www.caradeau.fr, 2016 - Benoit IX 3 fois pape : chassé par les Romains, puis par l’Empereur. -La famille Tusculum et le clan Crescentius se disputent par le trône pontifical, en 4 ans 6 papes se succéderont sur le trône pontifical. Article publié sous le pseudonyme d’Yves Leclerc dans le n°6 de Histoire des papes et des saints – octobre - novembre - décembre 2009.
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Benoit IX 3 fois pape : chassé par les Romains, puis par l’Empereur.


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«  Les Romains chassent le pape Benoît pour ses crimes, et établissent témérairement Pape un certain Silvestre, que cependant le pape Benoît chasse ensuite avec le secours de quelques-uns ; puis lui-même, rendu à son siège, se démet spontanément de la papauté, et permet qu'on ordonne à sa place Gratien, sous le nom de Grégoire » Herman Contract, 1044 (voir encadré).



La famille Tusculum et le clan Crescentius se disputent par le trône pontifical, en 4 ans 6 papes se succéderont sur le trône pontifical.

Neveu de Benoît VIII et de Jean XIX, Benoît IX - de la famille Tusculum monte à trois reprises sur le trône pontifical entre 1032 et 1048. Il doit affronter le clan Crescentius qui veut imposer ses hommes à sa place.
Jean XIX est mort le 20 octobre 1032. Du point de vue d’Albéric III, comte de Tusculum, la papauté ne doit échapper ni à sa famille, ni au parti impérial. Il prend donc les mesures nécessaires pour que soit élu, le 21 octobre 1032 son fils Théophylacte, pape sous le nom de Benoît IX. Les chroniqueurs contemporains des faits, comme le plus fiable d’entre eux, Raoul Glaber***, prétendent qu’il a alors 12 ans. Les historiens actuels estiment qu’ils « exagèrent », mais la date de naissance de Théophylacte étant inconnue, il prudent d’écrire « un homme très jeune », comme le fait Klaus-Jürgen Hermann (Dictionnaire historique de la papauté, Fayard)(1). Ce qui est quasiment certain, c’est qu’il n’était pas ordonné.
Les auteurs du XIe siècle le présentent comme un dépravé, mais reconnaissent son habileté à diriger l'Église tout au long des douze années de son pontificat. Ils accusent aussi l’empereur Conrad II le Salique (1024, roi des Romains(2), empereur de 1028 à 1039) de simonie. L’abbé Rohrbacher*, partageant leur opinion s’exclame : « Qu'on juge des funestes effets que dut produire l'exemple de l'empereur et du Pape, II y eut plus d'une province où non seulement des prêtres, mais des évêques mêmes se mariaient et laissaient leurs bénéfices à leurs enfants… » En fait, il reprend une diatribe du baron Pagi(3), sans doute inspirée par une lettre de Pierre Damien (cf. encadré) écrite lors de l’arrivée sur le siège apostolique de Grégoire VI (1er mai 1045-20 décembre 1046). Ce qui semble montrer que les sévères mesures prises par Benoît VIII, sur l’ordre de l’empereur Henri II le Saint (1014-1024), bien que dans le droit civil, avaient été peu appliquées (lire l’article Benoit VIII…).

Le jeune pape face à une révolte

À peine Benoît IX est-il sur le trône pontifical que les abus de pouvoir d’Aribert (1018-1045), archevêque de Milan, provoquent une révolte qui s’étend bientôt à toute l’Italie. De fait, Aribert, au mépris des constitutions féodales(4) promulguées par Conrad II, dépouillait de leurs fiefs ceux de ses vassaux qui avaient encouru sa disgrâce. En 1035, ceux-ci se révoltent et l’Italie tout entière s’enflamme. Chacun prend les armes, les nobles contre leurs suzerains directs (des prélats), les bourgeois contre les nobles… La situation est si grave que l’empereur réunit une diète à Pavie en 1036 et que l’assemblée met aux arrêts l’archevêque Aribert, ainsi que les évêques de Verceil, de Crémone et de Plaisance. À cette occasion, l’empereur soutient de tout son pouvoir les revendications des vassaux de second rang (les vavasseurs). Aribert, cependant, gardé, échappe à ses gardes, s’enferme dans Milan et attend l’armée impériale de pied ferme. Conrad II assiège Milan, est repoussé et doit renoncer.
Cet échec militaire de l’empereur aggrave encore la situation. Ce sont cette fois-ci les vassaux de troisième rang (les vavasseurs– vavassins dans le texte de l’abbé Rohrbacher*) et même les esclaves qui prennent les armes contre leurs seigneurs et demandent un affranchissement général.
Selon Raoul Glaber***, les Romains (euphémisme désignant le parti des Crescentii), en profitent pour chasser le pape de Rome en 1037. Ce dernier rejoint à Crémone l’empereur qui serait intervenu pour le rétablir. Selon les auteurs modernes, c’est l’empereur qui convoque le pape dans le but de lui faire approuver la déposition d’Aribert.
En cette occasion, Benoît IX se montre moins souple que son prédécesseur et tente de négocier un compromis. Il n’excommuniera Aribert sur les instances de l’empereur, en visite à Rome, qu’un an plus tard(5). Conrad II continue cependant son « opération de police. Le 14 mai, l’empereur destitue Pandulf IV, prince de Capoue qui avait retenu dans sa ville l’abbé Théobald (1022-1035) et s'empare de tous les biens du monastère. Puis, l’empereur rentre en Allemagne où sévit une épidémie de peste(6). Il meurt, probablement de cette maladie en 1039. Curieusement, sa mort semble réconcilier tout le monde en Italie. On accepte son Edictum de beneficiis(7) promulgué en 1037 et on adoucit les rigueurs de la loi féodale. Les dispositions adoptées en cette occasion, bien qu’on ne sache pas comment elles sont prises, ni comment elles peuvent être exécutées dans l’ensemble de la péninsule alors que le pouvoir y est si morcelé, ne sont pas sans rappeler celles de la Trêve de Dieu qui s’applique déjà en France mais n’a pas encore touché l’Italie.

Pierre Damien contre la simonie et le nicolaïsme
Simonie (de Simon le Magicien qui avait voulu acheter à saint Pierre son pouvoir de faire des miracles) : Vente de biens et de charges ecclésiastiques.
Nicolaïsme (du diacre Nicolas) : Au XIe siècle, concubinage ou mariage du clergé.
Né en 1007, Pierre Damien est orphelin très jeune. Un de ses frères, archiprêtre à Ravenne, l’aide à entreprendre des études de droit et de lettres. Il entre à l’abbaye bénédictine de Fonte Avellana et en devient abbé. Il est nommé évêque d’Ostie et cardinal en 1057, afin de contribuer à la réforme de l’Église.
En 1059, le pape Nicolas II (1058-1061) l’envoie comme légat pour rétablir l’ordre dans le clergé de Milan, où règne la simonie et le nicolaïsme, au point que les prêtres « célèbrent leur mariage avec autant d’éclat que les laïques »*. Il y parvient avec l’aide des patarins (de patarino, chiffonnier, nom d’un quartier pauvre de Milan, à l’époque une communauté de clercs qui, au XIIe siècle, adoptera la doctrine cathare). En 1063, il participe au synode de Latran, où il aurait incité le pape Alexandre II (1061-1073) à renouveler le décret de Nicolas II (1058- 1061) contre la simonie**. Ce décret interdit également aux fidèles d’assister à une messe célébrée par un prêtre marié. Dans son Livre de Gomorrhe (1051), il dénonce les pratiques homosexuelles dans le clergé tant séculier que régulier, et demande au pape une décision juridique qu’il obtient ou n’obtient pas, selon les sources.
« Un « théologien éminent » (Benoît XVI)
Bien que Pierre Damien n’ait jamais été canonisé, Léon XII l’a proclamé docteur de l'Église en 1823. Et Benoît XVI a souligné l’actualité de ses écrits dans sa cathéchèse du 9 septembre 2009 : « Théologien éminent... Dans la lettre 28, qui est un traité d’ecclésiologie de génie, Pierre Damien développe une profonde théologie de l’Église comme communion.»


Le moine de Cluny sur le trône de Pologne

À la mort du roi de Pologne Mieszko II Lambert (1032-1034), son épouse fuit le pays en emmenant son fils Casimir et va s’installer en Saxe. Celui-ci la quitte bientôt et vient en France, à Cluny, se faire moine. Durant sept ans, c’est l’anarchie en Pologne et le duc de Bohème en profite pour prendre les principales villes du pays. Parvenant à Gniezo (à l’époque capitale de la Pologne), le roi de Bohème oblige les clercs à lui remettre le corps de saint Adalbert (v. 956-997), patron de la Bohème, de la Pologne et de la Hongrie. Ce vol d’une précieuse relique conduit les évêques de Pologne à en appeler au pape qui excommunie Bretislav Ier (1034-1055) le duc de Bohème et Sévère, évêque de Prague (1030-1067) qui lui avait conseillé d’enlever les reliques, jusqu’à restitution de leur larcin(8).
En 1039, les Polonais, lassés de l’anarchie qui règne dans leur pays, décident de donner le trône à Casimir. Ils envoient une ambassade à la reine Rycheza (Ryksa) sa mère qui les dirige vers Cluny. Comme il n’est pas de son pouvoir de délier un moine de ses vœux, l’abbé Odilon les adresse au pape. Benoît IX permet à Casimir de monter sur le trône et même de se marier. En échange, il exige des députés polonais que les nobles du pays paient tous les ans, au Saint-Siège, chacun un denier de redevance. En outre le pape leur impose de porter, comme les moines, les cheveux courts, en forme de couronne, et d’avoir au cou durant la messe, lors des grandes fêtes, une écharpe de lin, semblable à l'étole des prêtres et des diacres. Casimir devient donc duc de Pologne (1039-1058).

Benoît IX soutient les réformateurs de l’Église

Sans prendre lui-même l’initiative de réformes profondes de l’Église, le pape apporte un soutien actif à tous ceux qui les souhaitent, aidant les monastères face aux nobles abusifs, et destituant les évêques simoniaques. Plusieurs indices laisse à penser qu’il agit activement pour la propagation de la Trêve de Dieu. Il mène aussi une politique d’autonomie de l’Église par rapport à l’Empire. Ainsi, lors d’un synode tenu à Rome en 1044, il rend au siège épiscopal de Grado son rang patriarcal que Jean XIX avait attribué à Aquilée à la demande de Conrad. Même s’il est devenu pape à 12 ans, même s’il était laïc (nous n’avons rien trouvé à propos de son ordination) Benoît IX se révèle en définitive un bon souverain pontife.


Benoît IX abdique en faveur de son parrain

Il est probable que Benoît IX doit sa réputation de mœurs dissolues au parti Crescentius. C’est d’ailleurs le prétexte que prennent les Stephani (une branche latérale des Crescentii) en septembre 1044 pour le chasser de Rome et élire à sa place Jean de Crescenzi Ottaviani, évêque de Sabine. Ce dernier prend le nom de Sylvestre III (20 janvier-10 mars 1045). Il excommunie immédiatement son prédécesseur.
Curieusement son pontificat de six semaines lui permet de figurer sur la liste des papes, alors que « techniquement » c’est un antipape, puisque Benoît IX, qui a été élu régulièrement, n’est pas destitué, et c’est ainsi qu’il sera considéré de son temps. Benoît l’excommunie et reprend Rome par la force le 10 mars. Sylvestre III s’enfuit dans son diocèse. Le 1er mai 1045, Benoît IX abdique en faveur de son parrain Jean Gratien qui devient pape sous le nom de Grégoire VI (1er mai 1045-20 décembre 1046). Certains auteurs anciens veulent que ce soit dans l’intention de se marier, les historiens modernes, plus prudents, en restent aux conjectures… Toujours est-il que Jean Gratien jouit à Rome et ailleurs d’une grande réputation de sainteté.
Herman Contract (voir encadré) écrit : « Les Romains chassent le pape Benoît pour ses crimes, et établissent témérairement Pape un certain Silvestre, que cependant le pape Benoît chasse ensuite avec le secours de quelques-uns ; puis lui-même, rendu à son siège, se démet spontanément de la papauté, et permet qu'on ordonne à sa place Gratien, sous le nom de Grégoire (Herm., an 1044). »(9). Entre-temps Henri III (roi des Romains en 1039, empereur de 1046 à 1056), a succédé à Conrad II, son père(10). Il se rend en Italie. Il fait tenir un concile à Pavie; puis va à Plaisance, il y reçoit honorablement le pape Grégoire VI. Vers la fête de Noël, il réunit un nouveau concile à Sutri(11), près de Rome. Les actes en sont perdus, mais il en reste un résumé écrit par Bonizon, évêque de Sutri (1078-1082), l’abbé Rohrbacher* le cite intégralement : «Grégoire VI […] y présida le clergé de Rome, les patriarches [….] Silvestre III fut unanimement […] condamné à perdre la dignité épiscopale et sacerdotale, et à être renfermé pour le reste de sa vie dans un monastère(12). Touchant Benoît IX, comme il avait abdiqué l’épiscopat et s'était retiré dans la vie privée, on ne prit point de résolution » […en ce qui concerne Grégoire VI, le concile le pria d’] exposer lui-même de quelle manière avait eu lieu son élévation sur le trône pontifical. Le Pape […] raconta […] comment il avait eu beaucoup d'argent par […] la libéralité des fidèles, et comment enfin il l'employa pour délivrer l'Église du joug des patriciens. […] des évêques prirent la parole et représentèrent respectueusement au Pape que lui-même, ébloui par les artifices du diable, avait donné la main, encore que ce fut avec des intentions pures, à des choses qui ne pouvaient être justifiées, ce qui avait été gagné par le trafic ne pouvant jamais être appelé saint. » Le pape leur ré pondit : « J’en prends Dieu à témoin […], par ce que j'ai fait, je croyais obtenir la rémission de mes péchés et la grâce de Dieu… »

Le bienheureux Herman Contract(† 25 septembre 1054)
Fils du comte Von Alshausen, Hermann est paralysé depuis l’enfance, parle difficilement, d’où son surnom de contractus (paralytique). Confié à l’âge de sept ans au monastère bénédictin de Reichenau, sur le lac de Constance, il devient un des grands savants de son temps. Il pratique et enseigne l’astronomie, la poésie, les mathématiques, invente un astrolabe, une machine à calculer, des instruments de musique... Poète célèbre, on lui attribue des chants liturgiques : Alma Redemptoris Mater, Salve Regina...


Ce débat se termina par une déclaration du pape : « Moi, Grégoire, dit-il, serviteur des serviteurs de Dieu, je juge, à cause du honteux trafic et de l'hérésie de Simon, qui, par la ruse du vieil ennemi, s'est glissé dans mon élection, que je dois être écarté du pontifical romain. Cela vous plait-il ? » (Les Papes allemands, t. I, p. 232 ; Bonizo, p. 802). »
Grégoire VI se dépose donc lui-même pour simonie alors qu’il avait été régulièrement élu. On ne peut exclure, comme le pense l’abbé Rohrbacher*, que c’est lui qui (par zèle pour Dieu et pour l’Église), persuada Benoît IX d’abdiquer en sa faveur en échange d’une pension de mille cinq cent livres. L’abbé fait également observer qu’il n’y a pas lieu d’accuser Benoît IX de simonie pour avoir accepté cette pension, car, écrit-il, la somme est « modique » et « plusieurs conciles des premiers siècles » avaient « assigné des pensions aux évêques mêmes qu'ils venaient de déposer ».
Le concile de Sutri s’est terminé le 20 décembre 1046. Le 24, l’empereur et les pères conciliaires sont à Rome. Ils se réunissent à Saint-Pierre en synode (à ce moment Benoît IX aurait été déposé) et élisent Suidger, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II (24 décembre 1046-9 octobre 1047). C’est ce qu’affirment de nombreux auteurs actuels comme J. N. D. Kelly** qui prétend que la décision fut prise à Sutri. Klaus-Jürgen Hermann (Dictionnaire historique de la papauté, Fayard) pense que les trois dépositions furent le fait du synode de Rome. Duchesne***, fait déposer Clément II et Sylvestre III à Sutri et Benoît IX quelques jours plus tard à Rome.

Le 3e retour de Benoît IX

Clément II, le jour même de sa consécration, le 25 décembre 1046, place sur la tête d’Henri la couronne impériale. De son concile tenu en janvier à Rome, il ne nous reste qu’un canon fustigeant le péché de simonie. Peu de temps après, il reçoit la visite d’Odilon de Cluny. Ensuite, il aurait suivi l’empereur à Bamberg. Au cours du voyage, il excommunie les habitants du Bénévent pour n’avoir pas voulu recevoir l’empereur. Henri, pour sa part demande à Pierre Damien de venir apporter ses conseils au pape. Ce dernier écrit au souverain pontife une lettre dans laquelle il explique qu’il est perclus de douleur et expose le mauvais état de l’Église en Ombrie. Clément II décide donc de se rendre sur place. Il fait route vers Pesaro, mais alors qu’il s’en approche, il tombe gravement malade au monastère Saint-Thomas d'Aposeile. Il y meurt huit jours plus tard, le 9 octobre 1047. Une rumeur probablement sans fondement prétend qu’il fut empoisonné par Benoît IX. Le 8 novembre, ce dernier remonte sur le trône pontifical qu’il occupera jusqu’au 16 juillet 1048. À cette date, le comte Boniface de Toscane, sur l’ordre de l’empereur, l’expulse de Rome et installe Damase II.

L’élection controversée de Damase II

L’empereur, lors de son couronnement, avait fait promettre aux Romains de ne pas élire de pape sans avoir au préalable obtenu son consentement. Il reprenait là une des dispositions imposées par Otton Ier (lire l’article sur l’an 1000 dans le n° 1). Une faction romaine, envoie donc une députation à l’empereur pour lui demander l’autorisation d’élire comme pape Halinard, archevêque de Lyon (1046-1052). Les députés romains arrivent à Polden (Saxe) le 25 décembre 1047 et apprennent à l’empereur le décès de Clément II. Halinard décline cette offre (l’abbé Rohrbacher* explique qu’il n’avait accepté de devenir archevêque que sur l’ordre formel de Grégoire VI. Entre-temps, l’empereur écrit aux évêques pour les consulter sur l’opportunité d’élire un nouveau pape. Il semble que tous ne l’aient pas jugé opportun. L’abbé Rohrbacher cite intégralement la réponse de Wazon (1042-1048), évêque de Liège : « Que Votre Sérénité considère bien si la Chaire du souverain Pontife, déposé par qui il ne devait pas l'être(13), ne lui est pas divinement réservée; car celui que vous avez fait ordonner à sa place semble la lui avoir cédée en mourant, à lui qui vit encore.[…] que Votre Sublimité cesse de vouloir en substituer un autre à la place de celui qui est survivant; car ni les lois divines ni les lois humaines, […] ne permettent que le souverain Pontife soit jugé par d'autre que Dieu… » Cette réponse ne parvient à l’empereur qu’après qu’il eut fait élire et installer Poppon, évêque de Brixen, qui ne survit sur le trône de Pierre que vingt-trois jours sous le nom de Damase II, et décède à Palestrina, le 9 août 1048. Il s’était réfugié dans cette ville pour échapper à la vague de chaleur qui s’était abattue sur Rome. Juste après sa mort, le bruit a couru que Benoît IX l’avait fait empoisonner. Tous les historiens semblent aujourd’hui d’accord pour penser qu’il est plutôt mort de la malaria ou du saturnisme(14).











(1) J.N.D. Kelly ** prétend qu’il avait la trentaine.
(2) Titre du roi de Germanie.
(3) Auteur inconnu.
(4) Nous n’avons pas trouvé de trace de ce texte.
(5) Le récit de Raoul Glaber est douteux, parce qu’il est le seul à le rapporter mais, selon nos sources, ce qui se dit à Crémone fut gardé secret. L’excommunication de 1038 est incontestable, mais Klaus-Jürgen Hermann (Dictionnaire historique de la papauté, Fayard) la situe à Spello (Ombrie, 168 km de Rome) et considère la visite de l’empereur comme probable.
(6) Ou d’une maladie mortelle non diagnostiquée à laquelle ses contemporains donnent le nom de peste.
(7) Édit à propos des bénéfices.
(8) Ils réussiront à obtenir leur pardon sans restituer les reliques grâce à une large distribution d’or et d’argent.
(9) Cité par l’abbé Rohrbacher*.
(10) Conrad l’avait fait élire par la diète avant sa mort..
(11) Concile ou synode, selon les auteurs.
(12) La décision fut prise, mais jamais appliquée
(13) Wazon confirme peut-être ici la déposition du concile de Sutri ou du synode de Rome ; à moins qu’il ne fasse allusion à la déposition de Benoît IX par le peuple et le clergé romain lors de l’élection de Sylvestre III.
(14) J.N.D. Kelly** rapporte que son corps fut exhumé en 1942 et que selon les médecins qui l’examinèrent la cause probable de la mort était le saturnisme.


Bibliographie
* Abbé Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Paris 1857 - p 42 Lire sur le site de la B. N. F.
** J. N. D. Kelly, Dictionnaire des papes, Brepols, 1994.l'acheter sur Amazon
*** L. Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, Albert Fontemoing, Paris, 1904. Lire sur internet archive

**** Raoul Glaber (985-vers 1047), ( Lire sur Google Books) Chroniques rééditées en 1996 par Brepols sous le titre Histoires. L'acheter sur Amazon







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